Principal de collège ou imam de la république ? - Bonnet d'âne
" Le cri d'alarme d'un ancien principal de Marseille ", titrait la Provence du samedi 26 août, rendant compte du livre de Bernard Ravet, tout récemment paru (éd. Kero). Et le reste de la presse, du
http://blog.causeur.fr/bonnetdane/principal-de-college-ou-imam-de-la-republique-001834.html
l’auteur témoigne de la difficulté à constituer des îlots de savoirs dans des quartiers perdus. Ce qu’un élève gagne dans la journée, il le perd en 10 minutes en chouffant (faire le guet, je précise pour les puristes) pour les dealers du coin. Ou en remettant leurs voiles. S’obstiner à concentrer dans le même collège « 700 piles électriques, des gamins incapables de se parler autrement qu’en hurlant, hypersensibles à la moindre critique, éruptifs, impulsifs, imprévisibles ». Oui, il faut les noyer — non pas comme des petits chats, mais en les immergeant dans un grand bain de culture — avec une tolérance zéro : notre Principal de gauche (c’est évident) invoque Rudolf Giuliani et la façon dont il a remis de l’ordre à New York. Il faut décontextualiser les élèves, si l’on veut qu’ils cessent de dire, quand on évoque des études longues et complexes, « Ce n’est pas pour nous ».
L’un des points intéressants de l’ouvrage est l’analyse psychologique de ces enfants perdus de la République. Ils sont au premier stade de l’état d’esprit du terroriste : ils se sentent victimes. Ce qu’ils font n’est, dans leur esprit, que réaction à une violence antérieure. Le discours sur le colonialisme n’a fait qu’accentuer ce sentiment (et l’islam, n’a-t-il pas colonisé des territoires gigantesques en réglant la question religieuse par le fer et par le feu ? N’a-t-il pas mis en esclavage plus d’Africains que la traite atlantique ? Que des enseignants collaborent avec la déviation des faits est intolérable). Les savoirs que l’on tente — difficilement — de faire passer sont pour eux la culture de l’ennemi. Darwin, Voltaire, Molière, Corneille, tous pourris. Et les obligations d’EPS aussi. N’importe quel enseignant sait désormais que les garçons, en classe, opèrent une auto-ségrégation vis-à-vis des filles — toutes impures, toutes des salopes sauf ma mère et ma sœur qui sont des saintes. Ce qui autorise l’oncle et le cousin d’une gamine à la violer consciencieusement, raconte Ravet, parce qu’elle a déjà fauté, selon eux — et qu’elle n’est plus qu’un hangar à bites : sachons-lui gré d’avoir collaboré avec la police pour faire tomber ces salopards.