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"Comparer la guerre d'Algérie et la Shoah est de la folie sur tous les plans"
FIGAROVOX/ENTRETIEN - Donner à la guerre d'Algérie "à peu près le même statut que celui qu'avait la Shoah pour Chirac en 1995" est obscène, selon Jean Sévillia, essayiste et historien. Reven...
Il est quand même effarant d’entendre le chef de l’État évoquer sur le mode improvisé des événements historiques majeurs et aussi lourds dans la mémoire nationale que la Shoah ou la guerre d’Algérie en utilisant des expressions qui sont de la nitroglycérine politique, mais en donnant l’impression qu’il n’a pas envisagé ou mesuré leurs conséquences. Né en 1977, Emmanuel Macron a poursuivi ses études secondaires dans les années 1990, puis est sorti de Science Po et de l’ENA dans les années 2000. Il appartient à une génération qui n’a pas appris à penser historiquement, et son bagage, dans ce domaine, est celui d’un haut fonctionnaire, perméable aux idées toutes faites et aux préjugés idéologiques dominants, en l’occurrence ceux du gauchisme culturel à propos de notre histoire coloniale. Affirmer que la guerre d’Algérie pourrait avoir «à peu près le même statut que celui qu’avait la Shoah pour Chirac en 1995» semble annoncer une reconnaissance de culpabilité de la France dans la guerre d’Algérie, ce à quoi se sont opposés tous les présidents qui ont précédé Emmanuel Macron, quoi qu’on en pense. C’est de la folie sur tous les plans: historique, politique et diplomatique.
Dans tous les cas, par conséquent, l’analogie entre ce qui s’est passé en Algérie et la Shoah est historiquement fausse et intellectuellement malhonnête. Ajoutons que cette comparaison constitue une insulte envers les militaires français - européens ou harkis - qui ont combattu en Algérie, ce qui est pour le moins malvenu de la part du chef des armées.