Mathieu Bock-Côté: "Les enjeux occultés de la présidentielle"
CHRONIQUE - Les passions suscitées par la crise sanitaire menacent la tenue d'un débat nécessaire sur les défis majeurs de la société, estime l'essayiste. La polarisation autour du passeport ...
La reconstruction exclusive du débat politique autour des modalités de sortie de la pandémie entraîne déjà une oblitération de sujets fondamentaux qui auraient dû, et devraient encore, structurer la conversation civique jusqu’à la prochaine élection présidentielle, la question de l’immigration n’étant pas le moindre d’entre eux alors que la France semble engagée dans une dynamique de partition ethnique qui pourrait un jour devenir irréversible.
Il y a quelque chose d’étonnant à ce que la question de l’immigration massive et de ses effets ne soit pas celle qui structure l’ensemble de la vie politique, tant elle bouleverse des domaines de la vie collective en apparence aussi contrastés que la sécurité ou l’éducation. C’est une révolution racialiste qui se constate en France, au nom du décolonialisme.
On pourrait le dire autrement: depuis quelques décennies, la société française, comme les autres sociétés occidentales, est engagée dans un processus historique qu’on assimilera sans exagérer à un véritable changement de civilisation. Elle le sent, elle le sait, même, mais peine à avoir une emprise sur cette dynamique, comme si elle était poussée par un supposé sens de l’histoire qui forcerait les hommes à s’adapter à l’inéluctable, sans qu’ils parviennent vraiment à façonner leur destin.
Y aura-t-il encore demain un peuple français ou sera-t-il seulement occupé désormais à négocier les termes de sa minorisation? La crise sanitaire sera depuis longtemps chose du passé que cette question demeurera encore centrale, tant qu’il y aura des Français pour se la poser. Mais plus le politique s’en éloigne, et la relativise, et plus elle devient explosive.