Pierre Vermeren: "Le malaise de la société algérienne pèse sur les jeunes franco-algériens"
ENTRETIEN - Alors que l'Algérie fête les soixante ans de son indépendance, l'historien Pierre Vermeren publie une Histoire de l'Algérie contemporaine, depuis la Régence d'Alger, au XIXe siècl...
La colonisation a-t-elle été particulièrement violente? Que pensez-vous de la phrase d’Emmanuel Macron qualifiant la colonisation de «crime contre l’humanité»?
Cette assertion de campagne électorale faite à Alger et, semble-t-il, négociée avec les autorités, avait une visée politique et diplomatique: elle a fait long feu. Depuis la présidence Bouteflika (1999-2019), Alger réclame le pardon et la requalification des violences de guerres coloniales en crimes imprescriptibles (de masse, contre l’humanité etc.). Il s’agit d’associer la guerre d’Algérie - voire toute sa colonisation - aux crimes contre l’humanité reconnus au XXe siècle: les génocides arménien et juif, puis l’esclavage. La conquête de l’Algérie, la répression des soulèvements, puis la guerre de décolonisation ont donné lieu à de grandes violences, même si la paix civile règne au nord de 1871 à 1945. La conquête de l’Ouest américain, les campagnes japonaises en Chine ou les guerres russes en Tchétchénie ont été bien plus meurtrières.
De nombreux Algériens ont souffert de la guerre et de l’humiliation, qui en doute ? Ont-ils été davantage tués que sous les Turcs, quand toute révolte entraînait la décapitation d’une tribu, dont les têtes étaient montées en pyramides ? Non
Pierre Vermeuren