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14 octobre 2014 2 14 /10 /octobre /2014 15:03

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À la une du Point.fr

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Cher Jean-Louis Bianco, vous avez bien voulu penser à moi. Dans un article paru ce week-end ici même, vous opposez votre conception de la laïcité à la mienne - ou devrais-je dire "à la nôtre", lecteurs et auteur confondus, tant les réactions ont été unanimes pour condamner fermement le prosélytisme sous toutes ses formes, et l'insupportable pression que des musulmanes en tchador font peser sur leurs camarades d'université, à commencer par leurs coreligionnaires.

Un voile n'est pas - ne sera jamais, aux yeux de quiconque comprend ce qu'est l'aliénation - la preuve d'une liberté de penser, mais celle d'une obligation de croire, et de se conformer. Le "libre-penseur" est par nature et par définition libéré du joug des conformismes et des superstitions. Pourquoi, sous prétexte de "respecter" le choix forcé de gamines sous influence, respecterions-nous les signes extérieurs de soumission aux diktats de l'intégrisme ? Pourquoi seule la République devrait-elle faire preuve de tolérance, quand les jusqu'au-boutistes de l'islam n'en ont aucune pour ceux (et celles, surtout) qui ne pensent pas comme eux ? Demandez donc aux Kurdes ce qu'ils en pensent...

La théorie des petits pas

Le débat entre vous et moi (et tous les partisans d'une laïcité pleine) ne date pas d'hier. Ici même, il y a près d'un an, j'avais donné la parole à d'anciens membres dirigeants du défunt Haut Conseil à l'intégration. Vous m'aviez demandé un droit de réponse, qui était devenu une longue interview, publiée dans ces colonnes.

Je n'ai donc jamais refusé de discuter avec les partisans de la "laïcité aménagée", quoi que j'en pense : à mes yeux - et je ne suis pas le seul - tout aménagement est un viol. Il en est de la laïcité comme de l'amour : dès qu'on essaie de moduler le mot, c'est qu'on n'aime plus - ou qu'on n'est plus laïque. "Je t'aime beaucoup" n'est pas la déclaration qu'attend un amoureux passionné. "Laïcité à géométrie variable" n'est pas non plus la réponse qu'attend un républicain.

L'université est le nouveau champ d'application de la vieille théorie des petits pas. Puisque l'Observatoire de la laïcité a prévu de "se pencher sur le sujet de la laïcité dans l'enseignement supérieur", je lui suggère de se déplacer à l'IUT de Saint-Denis, dont le directeur, parce qu'il a demandé à une organisation d'étudiants musulmans de partager avec d'autres le local mis à la disposition des associations, se retrouve menacé de mort. Ou de visiter - sans tambour ni trompette, afin de voir les facs dans leur jus, sans qu'on les ait transformées à votre intention en villages-Potemkine - l'université d'Aix-Marseille, parce que Marseille, mais aussi bien celle de Toulouse ou de Montpellier ou de Lille. Les facs de cette France périphérique dont parle Christophe Guilluy avec une grande pertinence.

Inutiles concessions

Le petit père Combes, ou même Ferdinand Buisson et Aristide Briand, qui furent les vrais concepteurs de la loi de séparation de l'Église et de l'État, ont pris bien moins de gants avec le catholicisme (majoritaire) du début du XXe siècle que vous n'en prenez aujourd'hui, vous et vos amis, avec une poignée d'extrémistes, garçons et filles, dont les plus convaincus partent faire le djihad en Syrie - et, pire, en reviennent.

Ce n'est pas là de l'amalgame, comme vous le pensez déjà en lisant ces lignes : l'extrémisme mène à tout, surtout quand on n'en sort pas. Vous faites des concessions à des gens qui ne seront jamais contents des avantages arrachés, parce qu'ils y voient des droits, et qui en exigeront sans cesse d'autres. Et le fin politique que vous êtes, M. Bianco, vous qui fûtes secrétaire général de la Présidence sous un chef d'État qu'on qualifiait volontiers de florentin, pour célébrer son intelligence, sait bien que j'ai raison.

Protéger les mineurs

Protéger les mineurs de tout prosélytisme : c'était bien, que je sache, l'objectif déclaré de la loi de 2004 sur l'interdiction des signes religieux ostentatoires (une burka, un tchador sont-ils ostentatoires ? Oui, bien sûr - et un "simple" voile aussi). C'était aussi le prétexte pour autoriser ces mêmes signes à l'université - où les gens sont majeurs, donc théoriquement aptes à opérer des choix par raison.

En classes prépas, où les élèves sont majeurs aussi, ces mêmes tenues ne sont pas tolérées. Parce que les lycées qui abritent ces classes d'excellence hébergent aussi des mineurs, parfois dès la sixième. Mais alors, pourquoi tolérer dans les rues, où n'importe quel mineur peut les contempler à loisir, des vêtements qui sont autant de reproches muets (et parfois exprimés à voix haute) à celles qui persistent à penser que l'assimilation des cheveux à des toisons pubiennes est d'une haute fantaisie ? Soit vous autorisez partout, soit vous interdisez partout - au nom de la défense des mineurs. Tout comme vous devriez veiller à ce que des garçons n'insultent pas (et parfois agressent - j'en ai été témoin) des filles habillées et coiffées "à l'européenne" (en Europe, hein, quelle audace...) en les traitant de...

Un monde fantasmatique

Dans Le Point paru cette semaine, Élisabeth Badinter s'en prend uniformément, avec fougue, à ces élus, de gauche et de droite, qui ont laissé périr la crèche Baby-Loup - au gré de rebondissements judiciaires invraisemblables, d'amendes monstrueuses, de pressions amicales affligeantes et de victoires juridiques en trompe-l'oeil.

Je sais bien : depuis deux ans, le PS renie tous les points de vue étrangers à son étrange politique - "néo-fachos" ou "réacs gauchos", au gré des anathèmes. Finkielkraut, Onfray, Badinter, Michéa, Kintzler, et, en vrac, Polony, Zemmour, Guilluy, Lévy (Élisabeth) ou moi-même... Voir ce que j'en pense ici. Tous ceux qui ne pensent pas comme eux sont excommuniés par principe par quelques bobos parisiens qui n'ont jamais passé le périphérique, sauf pour hanter le festival d'Avignon.

Alors, sachez-le : je suis l'un des échos de la vraie France. Et vous vivez dans un monde fantasmatique.

Laïcité de gauche, laïcité de droite

Il a fallu que ce soit une femme de culture musulmane, Jeannine Bougrab, l'ex-présidente de la Halde, qui prenne hautement la défense de la laïcité, et déplore que l'ambiguïté molle du gouvernement ait ouvert la voie à des crèches coraniques - et ce n'est pas Minute qui vous le dit, bon sang, c'est Charlie-Hebdo ! Il a fallu une conjonction de tout ce que la France compte d'esprits libres et de tradition des Lumières pour qu'une crèche qui abritait surtout des enfants défavorisés continue un temps à fonctionner - mais le refus désormais de la nouvelle municipalité de Conflans-Sainte-Honorine d'assurer la subvention promise signe le glas de cette entreprise de salubrité infantile, sauf si se manifeste un élan de souscripteurs privés (1). Lorsque vous avez exprimé votre avis sur le sujet, M. Bianco, cela n'a guère honoré la laïcité dont vous prétendez être un défenseur.

"La laïcité est la condition même de notre liberté", écrit Mme Badinter en conclusion. Je le crois bien ! Et c'est une femme de gauche qui vous le dit, une femme assez intelligente pour s'indigner de ce que le salafisme fait aux femmes, et pour savoir que si la Gauche persiste dans son attitude de cécité, elle laissera la Droite - et pas n'importe laquelle - régler la question. Et cela ne se fera pas sans heurts ni grincements de dents - ou pire. Est-ce vraiment ce que vous voulez ? N'entendez-vous pas, quand vous écoutez ce que murmure la France invisible, "la révolte qui gronde", comme dans la Chanson des canuts ?

 

 

(1) Adresser de toute urgence des dons à Association Baby-Loup / Dons, 1 rue Camille Peletan, 78700 Conflans-Sainte-Honorine.

 

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J'ai plus envie de me croire à Kaboul dans ma ville,

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