Ivan Rioufol
Coupables indulgences
La gauche au pouvoir s’est laissée enfermer dans la tyrannie des minorités militantes. Elle s’est coupée du peuple français pour lui préférer la défense d’intérêts communautaires. Ainsi, plutôt que de supprimer l’Aide médicale d’État (plus d’un milliard d’euros) qui offre la médecine gratuite aux clandestins et crée des « réfugiés médicaux », le gouvernement a préféré s’en prendre aux allocations familiales, c’est-à-dire au socle de la solidarité nationale. Plutôt que de chercher à endiguer l’immigration illégale, Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, s’est engagé, lundi à Calais, à « proposer l’asile » aux immigrés qui cherchent à rejoindre la Grande-Bretagne. C’est au nom du très efficace et minoritaire lobby gay que le mariage et la filiation ont été semblablement déconstruits, dans la moquerie des indignations de la France oubliée.
L’indulgence que le pouvoir porte aux écolo-gauchistes est du même ordre que celle qu’il réserve à des exigences islamistes. Un exemple : Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation, vient d’accepter la présence de mères voilées lors des sorties scolaires accompagnées. « Leur présence doit être la règle et le refus l’exception », a estimé la ministre franco-marocaine, encouragée par le collectif Mamans toutes égales, basé à Montreuil, à « aller jusqu’au bout », c’est-à-dire à abroger la circulaire Chatel qui interdit la sortie de parents manifestant « leurs convictions religieuses, politiques ou philosophiques ». Comme le déplore Malika Sorel, d’origine algérienne : « Nos élites politiques, pour beaucoup, ne défendent plus l’intérêt général. Elles sont promptes à capituler à la moindre offensive » (2). La gauche est la plus vulnérable.
Possible insurrection
Devant tant d’inconséquences, une insurrection de la rue est imaginable. Si elle advient, elle ne viendra ni des partis ni des syndicats, mais des humiliés en pagaille. Ils attentent l’étincelle pour faire corps. Les agriculteurs sont de ceux-là, dont certains manifestaient mercredi à Paris comme à Châlons-en-Champagne. L’utile plan d’eau de Sivens pourrait être, pour eux, un détonateur, si les méthodes fascistoïdes de l’écologie radicale venaient à imposer l’abandon du projet décidé par le conseil général du Tarn et les producteurs locaux. Certes, les écologistes raisonnables ont raison de s’inquiéter d’une course au pruductivisme et de la protection des paysages. Mais ils ont tort de ne pas rompre avec ceux qui, nombreux, veulent imposer leur intolérance par la violence et l’intimidation.