Surexposition
Une surexposition qui suscite un certain nombre de questions. «Il s'agit d'une stratégie présentielle (de présence, NDLR), analyse le sociologue Denis Muzet. Sa réaction apparaît disproportionnée et brouille la hiérarchisation des événements. Car de leur côté, les Français continuent d'être impactés par la crise, les souffrances économiques, ce qui reste prioritaire à leurs yeux.» Pour le directeur de l'institut Médiascopie, les politiques se brûleraient les ailes en «courant après les catastrophes». «Ils en sont réduits à faire de la compassion puisque leur capacité d'action est limitée, poursuit Muzet. Ce faisant, ils courent le risque d'associer leur personne à ces catastrophes et d'apparaître impuissants. Ce qui renforce le discrédit du politique. Les Français ne sont pas dupes: ils voient bien que Hollande est dans la geste présidentielle.»
Même analyse de la part du spécialiste de l'opinion Jérôme Sainte-Marie, pour qui la réaction du président «risque d'être ressentie comme surjouée» : «Le décalage entre l'intensité de l'engagement et l'événement (une catastrophe aérienne qui ne relève pas du politique) peut donner lieu à des interprétations négatives de la part des Français: au mieux, le président n'a rien de plus urgent à faire ; au pire, il essaye de nous manipuler en tentant d'éclipser les mauvais chiffres du chômage ou de réinjecter de la communion nationale après les divisions liées au conflit israélo-palestinien.»