24 mai 2012
Le Figaro
PROPOS RECUEILLIS PAR CHARLES JAIGU
Guaino: « Il serait nocif que le PS ait tous les pouvoirs »
Candidat aux législatives dans les Yvelines, l’ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy assure que ces élections sont « gagnables », compte tenu de « l’étroitesse de la victoire de François Hollande ».
La cohabitation n’est-elle pas nocive ? C’est aux Français d’en décider ! Je n’imagine pas leur dire : « Ne votez pas pour nous, parce que la cohabitation, ce n’est pas bien. » Ce qui serait nocif, ce ne serait pas la cohabitation, ce serait que les socialistes aient tous les pouvoirs pour appliquer leur programme. Que pensez-vous de l’acte I du président Hollande ?
Pour la communication, c’est assez réussi. Mais, concrètement, qu’a-t-il fait ? Qu’a-t-il obtenu ? Qu’a-t-il changé à part le salaire des ministres, ce qui ne va pas faire reculer le chômage, ni protéger les Français de la crise ? Réponse : rien !
Sur l’afghanistan, sur l’europe, sur les relations franco-allemandes, on est déjà loin des promesses de campagne. Pour l’instant, on distribue des satisfactions symboliques à des clientèles.
Sur la croissance, François Hollande a-t-il changé la donne en Europe ? C’est une blague ! Nicolas Sarkozy a toujours refusé l’austérité et recherché l’équilibre entre la croissance et l’assainissement des finances publiques. Il y avait une stratégie de croissance : diminuer les dépenses courantes pour pouvoir investir, faire des réformes structurelles pour accroître la compétitivité au lieu d’augmenter les impôts, travailler davantage plutôt que baisser les salaires et les retraites.
François Hollande prétend qu’il peut construire une nouvelle croissance et restaurer la confiance… Il parle tout le temps de croissance, mais son programme est un programme d’austérité. Augmenter massivement les impôts, pas seulement pour les riches, mais pour tout le monde, alourdir les charges et le coût du travail, c’est tuer la croissance. C’est un contresens. Dans les circonstances actuelles où l’europe est au bord de la récession, ce serait une erreur historique.
La ministre de la Justice a annoncé son intention de ne pas réformer l’ordonnance de 1945 sur les mineurs. Qu’en pensez-vous ? Ce serait une grave erreur. Le refus de réformer la justice des mineurs qui est complètement dépassée, le retour en arrière sur les tribunaux correctionnels pour les mineurs les plus délinquants, la suppression des peines planchers seraient de dramatiques signaux d’impunité. La fermeté affichée du ministre de l’intérieur ne compensera pas le laxisme revendiqué de la politique judiciaire.
Avez-vous été surpris par le discours d’investiture très antisarkozyste de François Hollande ? En politique aussi, l’élégance devrait être une vertu. Surtout dans ce moment solennel qu’est l’investiture présidentielle. Quelque 1 140 000 voix séparent François Hollande de Nicolas Sarkozy. Avez-vous des regrets ? Comment ne pas en avoir ? Et comment faire une théorie des causes de la défaite quand l’écart est aussi faible ? Si l’on peut reprocher quelque chose à Nicolas Sarkozy, c’est de s’être trop impliqué et de ne pas s’être assez protégé lui-même. Mais est-ce un défaut, ou l’éminente qualité d’un homme d’état ?