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24 février 2013 7 24 /02 /février /2013 10:26
  • 23 févr. 2013
  • Le Figaro
  • NATACHA POLONY

Il y a quelques jours, un garçon de 13 ans s’est suicidé. L’institution, les professeurs savaient pourtant qu’il était victime de harcèlement, qu’il était devenu le souffre-douleur de ses camarades pour des questions de caractère, de couleur de cheveux, de tout ce qu’on veut. Alertée par les parents, l’Éducation nationale avait pris des mesures : une punition contre ceux qui l’avaient frappé. Mais les auteurs de moqueries, de quolibets et d’humiliations ? Rien. Ceux-là ont-ils été rappelés à l’ordre ? Comme dans de nombreux cas, on s’est occupé de la victime, parfois en l’isolant, mais ceux qui avaient laissé s’exprimer leurs bas instincts, ceux qui avaient pour eux la force du groupe, ceux-là ont pu continuer leur oeuvre sans que jamais l’institution ne vienne leur imposer ses règles, même la plus élémentaire, le respect d’autrui.

Le sentiment d’impunité s’insinue très vite dans les jeunes cerveaux. Il est la marque de l’impuissance des adultes, de l’impuissance de la loi. Quand des petits caïds arrêtés par la police reviennent dès le lendemain terroriser leurs victimes et narguer les si mal nommées forces de l’ordre, c’est tout l’édifice social qui s’effondre. Quand des entreprises s’aperçoivent que l’amende qui leur est infligée pour avoir trompé le consommateur sera toujours largement inférieure aux gains accumulés par des achats de viande à bas prix, il n’y a aucune chance pour que, touchés par la grâce, les fraudeurs se convertissent à l’honnêteté.

On le sait depuis Hobbes et Montesquieu, le contrat social repose sur le monopole accordé à l’État de la violence légitime. Autrement dit, celui-ci a le pouvoir de contraindre, et c’est par ce pouvoir qu’il impose le respect de la loi et permet aux citoyens de vivre dans une société apaisée. C’est ce qu’il conviendrait de rappeler à tous ceux qui s’évertuent à opposer l’éducation et la prévention aux méchants tenants de la « répression ». Bien sûr, ils ont lu Jean Genet qui, injustement accusé de vol à 10 ans, s’était fait voleur pour faire de cette identité qu’on lui imposait son étendard. Bien sûr, ils ressassent la formule attribuée à Victor Hugo : « Ouvrez des écoles et vous fermerez des prisons. » Mais pour l’instant, ils se contentent de ne pas ouvrir de prisons et d’interdire à l’école de jouer son rôle d’éducation en y laissant pénétrer sans aucun frein toute la violence du monde.

Il y a les chiffres. La France compte 103 détenus pour 100 000 habitants quand le Royaume-Uni en compte 144 et l’Espagne 146. Des États policiers symboles du Surveiller et Punir dénoncé par les épigones de Michel Foucault ? Pas vraiment. Cela n’empêche pas la ministre de la Justice, Christiane Taubira, d’envisager de supprimer la détention pour les courtes peines et de rendre automatique les libérations conditionnelles. Pas pour installer l’impunité, diront ses ouailles, mais pour trouver une peine adaptée, qui évite le passage par un univers carcéral qu’on nous présente quasiment comme la cause du basculement dans la délinquance. C’est oublier un peu vite que ce qui rend le milieu carcéral criminogène, ce sont surtout les conditions abjectes dans lesquelles on entasse les détenus parce qu’on refuse de construire les places de prison dont disposent tous nos voisins. Mme Taubira s’en est-elle souvenue quand elle a annulé la construction de 20 000 places supplémentaires ?

Mais  

l’essentiel est ailleurs. Dans les 82 000 peines non exécutées faute de moyen, qui installent ce sentiment d’impunité qui est le propre désormais de la société française. Dans ce qui se met en place dès le plus jeune âge, quand une petite frappe qui détruit la vie d’un collège ne peut être renvoyée qu’en échange de l’arrivée d’une autre petite frappe venue du collège qui accueillera, de guerre lasse, le premier. Et plus tôt encore, dans ces réponses d’instituteurs face à un enfant qui perturbe la classe : « Ce n’est pas dans notre pédagogie de punir. »

On peut rêver que le miracle de l’exemple et des beaux discours va ramener vers le droit chemin ceux qui se sont affranchis des règles communes. Mais quand ils n’ont jamais intégré ces règles parce que, dès le plus jeune âge, on n’a pas voulu les leur inculquer avec trop de fermeté, quand ils ont chaque jour le spectacle du triomphe des transgresseurs et de la loi du plus fort, il faudrait qu’ils soient des anges pour tout à coup adhérer à cette contrainte qu’est le respect de la loi. Et les anges ne sont pas de ce monde.

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Published by voxpop - dans La France en résistance

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