Les jeunesses des pays d’émigration sont les plus favorables au modèle multiculturel
Ce sont les Chinois qui se prononcent le plus massivement pour une société où les immigrés conserveraient leurs traditions et leur culture (85 %), par opposition à une société où ils devraient s’intégrer : on trouve ensuite les
Mexicains (75 %), les Brésiliens (75 %), les Polonais (71 %), les Indiens (68 %), les Sud-Africains (66 %) et les Marocains (63 %). À l’opposé, la plupart des jeunes Européens optent massivement pour l’intégration des immigrés, comme le montrent les réponses des Espagnols (68 %), des Allemands et des Français (67 %),
ou des Britanniques (66 %).Notons que dans ces quatre pays, les jeunes demeurent malgré tout nettement plus nombreux que les 30-50 ans à préférer une société où les immigrés conservent leurs traditions (+ 17 points en France, + 12 points au Royaume-Uni, + 10 points en Espagne et + 9 points en Allemagne).
À la lecture de ces résultats, on aura relevé que les jeunesses les plus favorables à une perpétuation des traditions et de la culture des immigrés dans leur pays d’accueil sont issues des pays d’émigration : la Chine, le Mexique, la Pologne,
l’Inde ou le Maroc. À l’inverse, les jeunes des pays accueillant un nombre important d’immigrés sont les plus attachés à l’idée d’intégration : l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni.
Ce mécanisme joue au niveau européen, entre une Europe de l’Est favorable à une conservation de
la culture d’origine des immigrés, à l’exception de l’Estonie, et une Europe de l’Ouest préférant
leur intégration. C’est notamment sur ce plan que se manifeste la singularité de la culture américaine,
où la jeunesse est majoritairement favorable (57 %) à un modèle multiculturel, moins
défendu cependant par les 30-50 ans (48 %). La jeunesse américaine représente donc le seul cas
d’un pays d’immigration favorable à la préservation de la culture d’origine des immigrés.
Des jeunes partagés sur la question des signes religieux au travail
Les jeunesses les plus favorables au port des signes religieux sur le lieu de travail sont celles
du Maroc (66 %), d’Israël (65 %), des États-Unis (65 %) et de Pologne (61 %), où la religion
joue un rôle important sur les plans politique et sociétal. À l’autre bout du spectre, les Japonais
y sont les moins favorables (19 %). La situation est contrastée dans les pays qui accueillent des
populations provenant de pays musulmans. Les Français sont les moins favorables (22 %) au
port de signes religieux sur le lieu de travail. Les Allemands y sont également opposés, mais dans
une proportion moins importante (42 % acceptent le port des signes religieux). En revanche,
les Britanniques y sont majoritairement favorables (57 %). Ce système d’opinions croisées, qui voit les pays
d’émigration défendre le multiculturalisme et les pays d’immigration préférer l’intégration,
laisse deviner la place que jouera la controverse suscitée par la cohabitation culturelle dans les
pays européens. Le décalage est particulièrement important entre les Marocains qui défendent
le port des signes religieux (66 %) et les Français qui y sont fortement opposés (71 %).
Les Allemands et les Turcs sont moins éloignés sur la question du port des signes religieux, que
ce soit pour s’y opposer (52 % des Allemands et 47 % des Turcs) ou pour l’accepter (42 %
des Allemands et 50 % des Turcs). En revanche, les Britanniques admettent plus largement le
port des signes religieux (57 %) que les Indiens (46 %).
France, Allemagne, Royaume-Uni : une défiance vis-à-vis des musulmans
D’une manière générale, les opinions négatives envers les musulmans sont assez répandues au
sein de la jeunesse. En Europe, les Espagnols (42 %), les Allemands (37 %), les Français
(37 %), les Suédois (35 %) et les Britanniques (32 %) sont les jeunes exprimant le plus d’opinions
négatives à l’égard des musulmans. Les niveaux les plus faibles d’opinions négatives
se trouvent chez les Polonais (17 %) et les Roumains (14 %). Dans le monde, les plus
défiants sont les jeunesses israélienne (37 %), australienne (32 %) et canadienne (29 %).
Malgré le traumatisme du 11 Septembre, les jeunes Américains sont moins nombreux à faire
part d’un sentiment négatif à l’égard des musulmans (24 %), de même que les Russes (19 %),
en dépit des tensions dans la région du Caucase. C’est parmi les jeunesses indienne (16 %),
japonaise (14 %), brésilienne (13 %), chinoise (8 %) et turque (5%) que les opinions négatives
sont les moins répandues.