Bd Voltaire
Peut-on nommer musulman un islamiste ? Implicitement, un islamiste est un musulman violent : tous les islamistes sont musulmans. À l’inverse, un musulman n’affichant aucune intention de violence verbale ou physique est considéré comme modéré : tous les musulmans ne sont pas islamistes. De fait, en Occident, il n’existe pas à ma connaissance de cas de manifestation musulmane spontanée massive et publique opérant cette distinction : elle ne semble se pratiquer qu’au sein des états-majors politiques et des quartiers généraux médiatiques européens, à savoir en dehors de la sphère musulmane.
L’on ne sait si une certaine prudence verbale et éditoriale censée prévenir l’amalgame abusif tient d’un empressement conciliateur façon Chamberlain ou, par-delà l’apparence, de la volonté d’en découdre façon Churchill. L’avenir nous le dira peut-être : « mauvais » ou « bons » musulmans, « conformité » ou non à l’islam, (le « vrai », bien sûr), c’est à ce dernier de faire un ménage qui tarde dangereusement. La récente épidémie djihadiste touchant la « jeunesse » européenne et dont le foyer est manifestement « multiculturel » semble enfin perturber quelque peu la comateuse sieste de nos « élites ».
Au Royaume-Uni, l’on songe soudainement à confisquer les passeports pour empêcher les retours du front, cependant qu’aux Pays-Bas l’on envisage la même méthode pour empêcher… les départs. Partout, y compris en France, l’on évoque des mesures législatives d’urgence qui devraient en toute logique recevoir le soutien enthousiaste de nos musulmans « modérés ». Or, voici ce que l’on peut lire dans Algemeen Dagblad (Pays-Bas) du 2 septembre : « L’organisation musulmane fondamentaliste Hizb ut-Tahrir projette de distribuer 1 millions de “flyers” [tracts] pour protester contre les mesures récentes prises par le gouvernement [néerlandais] dirigées non seulement, selon elle, contre les extrémistes, mais contre tous les musulmans. » [...]
Encore une fois, où sont les « modérés » pour approuver ces mesures ? Ce qui me renvoie à mon soupçon premier, exprimé dès 2009 dans un ouvrage fort instructif, Anatomie d’un désastre: L’Occident, l’islam et la guerre au XXIe siècle (Éditions Denoël, 2009), ouvrage publié sous pseudonyme (Enyo) d’une personne présentée comme « responsable importante du renseignement européen ». Nous lisons ceci à propos des processus de radicalisation (page 301) : [...] « D’ailleurs, les communautés islamiques qui sont les premières à identifier les processus de rupture et de radicalisation en leur sein n’aident jamais les services de police et de renseignements occidentaux à appréhender les futurs terroristes. Elles promeuvent presque toutes un double langage, selon qu’elles s’adressent aux pouvoirs publics ou à leurs fidèles. » [...]
Si c’est un membre des renseignements qui le dit…