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5 août 2013 1 05 /08 /août /2013 08:04
Dimanche 4 août 2013

 

Renaud
Camus
Ecrivain.
.

Dimanche 4 août 2013, onze heures du matin. Je dois sous-estimer mon influence planétaire car, à peine avais-je un peu joué ici même, avant-avant-hier,  avec l’idée d’un divorce une bonne fois prononcé, entre le bloc arabo-musulman, ou disons globalement l’islam, d’une part, le reste du monde d’autre part, voilà que les États-Unis, hier, décident la fermeture de toutes leurs ambassades dans les pays du monde arabe — après quoi la France, la Grande-Bretagne, l’Europe et d’autres pays occidentaux prennent des mesures du même genre, sur un mode plus hésitant et moins spectaculaire, comme d’habitude.

Ah ah, donc on lit “Boulevard Voltaire” à la Maison-Blanche et au Département d’État, qui aurait pu en douter un instant ? Barack Obama et John Kerry s’offrent un petit Gabrielle Cluzel ou un Nicolas Gauthier de derrière les fagots au petit déjeuner et, quand il leur reste un donut à tremper dans leur café au lait, ils descendent jusqu’à moi. Ou bien ils sont abonnés à mon journal, je n’avais rien remarqué. Déjà je me fais traiter tous les jours de mégalomane, d’autolâtre et de surdimensionné de l’égo, que va-ce être après semblable révélation…

Mais sérieusement, elle a quelque chose de rafraîchissant, cette mesure. Fermer les ambassades, rompre les ponts, prendre ses cliques et ses claques, c’est ouvrir les fenêtres. Oh là là, un peu d’air ! La France devrait fermer ses représentations diplomatiques à Trappes, à Creil, à Alger, à Brétigny-sur-Orge, à France Culture, à Vaulx-en-Velin, à Roubaix-Tourcoing ! Halal, piscines, niqab, Mohammed Merah, rupture du jeûne, al-Qaïda, place Taksim, place Tahrir, Tariq Ramadan, frères musulmans, grands frères, petits frères, le Mirail, Sissi face à son destin, espoirs issus de la diversité, djihad, souteneurs de murs, vitrines brisées, attaques de train, jeunes talents, mosquées, boulons, pompiers, grandes mosquées, caillassages, Hamas, Hezbollah, ascenseurs en panne, formes inédites de la criminalité, on n’en peut plus ! Vingt-quatre heures sur vingt-quatre de cette musique-là, c’est trop. J’aimais beaucoup l’islam quand j’en entendais parler deux fois par semaine et y pensais trois fois par mois, mais là…

J’exagère, il n’est pas toujours question de l’islam : quelquefois c’est du monde arabe — je sais bien que ce n’est pas du tout la même chose, il ne faut surtout pas confondre. C’est comme islam et islamisme : rien à voir. D’ailleurs il y a autant d’islams que d’ambassades américaines fermées, que de nuits du ramadan, que de voitures brûlées, que de façons de voir les choses. De quel islam voulez-vous parler ? Il est capital de ne pas généraliser. L’essentiel est de ne pas céder à l’amalgame, de ne pas blesser la sensibilité des sensibles, de ne pas donner à nos compatriotes musulmans l’impression qu’il n’y a rien pour nous en dehors du jambon (et encore, je me demande si nous n’allons pas, par délicatesse, lâcher le jambon, déjà mal vu dans les transports en commun et dangereux dans les lieux publics).

L’ennui est qu’on a de plus en plus l’impression qu’il n’y rien pour le monde en dehors de l’islam : rien pour l’actualité, rien pour l’histoire, rien même pour les horribles “variétés”, dernièrement. Je veux bien être traité d’obsédé — au point où j’en suis… — mais avouez que vous y mettez du vôtre : on jurerait qu’il n’y a de guerre sur la terre où cette religion (ou cette civilisation, on a du mal à opérer le départ entre ceci et cela) ne soit partie d’un côté ou de l’autre, et quelquefois les deux ; que le ministre de l’Intérieur et des Cultes n’est plus ministre que des affaires “communautaires” (diciamo) ; qu’il n’y a plus de faits-divers que les aventures de la diversité ; que terrorisme et religion de paix et d’amour sont des expressions aussi interchangeables en monnaie médiatique que jeunes et délinquants multirécivistes, quartiers populaires et territoires perdus de la République. Et toutes ces informations qui paraissent n’avoir plus, tendanciellement, qu’un seul sujet, l’islam, ses heurs et malheurs, ses conquêtes, ses menaces, son difficile aggiornamento,  sont déversées sur nous du soir au matin par des journalistes qui une fois sur deux mettent un point d’honneur, et pour cause, à prononcer les noms et les mots arabes comme s’il s’agissait déjà de l’idiome national : cette appréciable dextérité produisant toujours, au milieu de phrases encore françaises, l’effet de curieuses expectorations.

Pitié, Sensibles de tous les pays ! Aidez-nous à ne plus penser à vous !  Allez votre chemin et laissez-nous aller le nôtre. Redevenons bons amis, cessons de nous fréquenter. Je n’ai pas envie de devenir raciste, moi ! Avec la réputation qu’on me fait déjà, il ne manquerait plus que ça.

*

Nous avons un hôte qui dort dix-huit heures par jour. On ne l’aperçoit qu’aux repas, et encore, pas toujours. Je sais bien que nous sommes ennuyeux comme la pluie et qu’à côté de Plieux-les-Bains Châtel-Guyon c’est Ibiza, pour l’animation, mais tout de même, à partir de quand faut-il commencer à s’inquiéter ?

Il est vrai qu’on ne me voit pas trop non plus. Cependant la patrie peut être rassurée — je ne dors pas.

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Published by voxpop - dans La France en résistance

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J'ai plus envie de me croire à Kaboul dans ma ville,

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J'ai plus envie de relativiser. >>>>