La "France tranquillou" des socialistes, prêts à tout pour rompre avec un sarkozysme "clivant", est à contre-courant de l‘histoire en marche. C’est par dérision que Ray Ventura chantait : "Tout va très bien…", à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, l’infantilisation de la politique, qui gazouille de surcroît sur Twitter, s’apparente à une capitulation suicidaire. "Faire simple" est une formule présidentielle qui encourage au simplisme. Le refus de la complexité conduit à un manichéisme qui renforce le camp du Bien et ses excommunications contre ceux qui s’accrochent aux faits. Hugo Chavez, l’autocrate vénézuélien, a interdit à ses télévisions de traiter les sujets "anxiogènes" (Le Monde, 18 juillet). La gauche sympa et ses poissons suiveurs ne sont guère plus tolérants.Depuis cent jours et plus, l’accusation en droitisation et en extrémisme fuse chez les ouailles socialistes.
Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, sortira-t-il le PS de sa torpeur ? Il a pour lui un parler clair qui n’est pas banal à gauche. Elle l’a d’ailleurs applaudi à La Rochelle, quand il s’en est pris à « l’ordre communautariste » qui veut « chasser la République des quartiers » . Il dit vouloir en découdre avec « les mafias et les caïds » . Mais le même se contorsionne pour ne pas ressembler à la droite. À Amiens après les émeutes, il a assuré : « Je ne suis pas venu pour que l’on passe au Karcher ce quartier » . Sur les deux sujets qui structurent le politiquement correct, l’immigration et l’islam, il déroule un irréprochable chapelet qui lui fait réciter que l’ « arrivant est une chance » et que « l’islam d’aujourd’hui est l’hériter de Cordoue qui fut un accélérateur de connaissance, de culture et d’acceptation mutuelle » . S’il ne craint pas de nommer les Roms, commodes boucs émissaires de l’insécurité depuis Nicolas Sarkozy, il se garde de désigner l’origine culturelle des vrais fauteurs de troubles, majoritairement issus d’une contre-société qui ébranle la cohésion nationale. Alors que le cardinal Philippe Barbarin reconnaissait cet été, dans Le Figaro : « L’Église à l’habitude d’être le paillasson sur lequel on s’essuie les pieds » , Valls assurait, inaugurant une mosquée à Cercy-Pontoise : « Toute attaque contre une religion (…) est une attaque délibérée contre la République. » Voici donc un héritier présumé des Lumières qui veut rendre l’islam intouchable, tout comme Alain Juppé qui déclare que « l’islamophobie » , cette accusation forgée par les intégristes iraniens pour interdire toute critique, était « contraire aux principes républicains » . Le délit de blasphème n’est plus loin. Voltaire, reviens ! Le prix de la paix
Le doute est permis sur l’éventualité d‘une guerre civile, même si ses répétitions s’accélèrent dans les cités. Il n’empêche que la paix s’achète au prix fort pour l’État, menacé de défaut de paiement. Outre les près de 50 milliards d’euros déjà déversés, en vain, sur les banlieues, les nouveaux « emplois d’avenir » réservés prioritairement aux « zones sensibles » seront facturés 1,5 milliard : autant d’endettements supplémentaires pour un gouvernement qui fait émigrer ceux qu’il voudrait tondre un peu plus. Il y a là une incohérence qui devrait mobiliser l’UMP. Or que voiton ? Une droite désespérante, qui s’engage dans un conflit entre François Fillon et Jean-François Copé, en laissant à Jean-Luc Mélenchon le rôle de meilleur opposant au socialisme (voir mon blog)…