Par Ivan Rioufol le 21 mars 2012 10h38
Qui a couvé ce monstre ? A l'heure où j'écris ces lignes, mercredi matin, l'assassin des trois enfants juifs, d'un jeune rabbin et de trois parachutistes d'origine musulmane (rajout: dont un de religion catholique) ayant combattu en Afghanistan est toujours retranché dans un appartement à Toulouse, encerclé par le RAID. Ceux qui, dès lundi, ont accusé tout à la fois Marine Le Pen (Dominique Sopo, de SOS Racisme), les "pyromanes de l'identité française" (Bernard Henri-Lévy), "un climat de haine" (Corinne Lepage) ou "l'intolérance" menée par "ceux qui montrent du doigt en fonction des origines" (François Bayrou) se retrouvent confrontés à leur aveuglement et à leur lâcheté sur la montée en puissance de l'islam radical en France, si souvent dénoncé ici-même. Car le barbare, Mohammed Merah, 24 ans, Français d'origine algérienne, soutenu semble-t-il par un réseau familial, se réclame d'Al Qaïda, du jihad et de sa guerre menée contre l'Occident et les mécréants.
Ceux qui ont permis à la barbarie de terroriser la France
Par Ivan Rioufol le 23 mars 2012 0h01
Le fanatisme salafiste ne peut être tenu pour seul responsable de la barbarie qui a terrorisé la France, en y important les germes d'une guerre civile. Si le Français Mohamed Merah, 23 ans, a pu assassiner trois enfants juifs, lundi à Toulouse, poursuivis jusque dans la cour du collège-lycée Ozar-Hatorah, mais aussi un jeune rabbin franco-israélien et, précédemment, trois parachutistes dont un ayant combattu en Afghanistan, c'est également parce que le djihadiste, se réclamant d'al-Qaida et de ses réseaux, a été couvé par l'angélisme des moralistes . Ces donneurs de leçons récitent depuis des lustres une propagande ayant décrété qu'il ne fallait pas "montrer du doigt" ni critiquer les dérives d'une religion surprotégée. L'aveuglement volontaire sur la montée de l'islam radical en France, souvent dénoncé ici, est comptable de la tragédie nationale.
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Quand les belles âmes,François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon en tête, invitent la France à redevenir silencieuse plutôt que de se plaindre de mal vivre un destin qui lui échappe, ils illustrent une consternante absence de lucidité.
Toute une construction idéologique s'effondre tandis que tombent les masques des associations subventionnées (SOS-Racisme, Mrap, Indivisibles, etc.) : mises au service des minorités ethniques et religieuses, elles ont imposé un politiquement correct qui a interdit d'élémentaires critiques et rappels à l'ordre contre les embrigadements.
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Le procès en islamophobie brandi à tout propos, y compris par Alain Juppé, a eu pour conséquence de désarmer la République laïque face aux incursions de l’islam politique dans le domaine public et dans les esprits.
La société paye ces abandons collectifs.
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C’est la haine de la France qu’a voulu signifier le terroriste, tué hier à midi durant l’assaut policier, en prenant pour cibles l’armée et l’école. Soutenu par sa famille et un probable réseau, il est l’enfant monstrueux d’une contre-société étrangère à la loi commune, qui s’est établie dans des banlieues.
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Un sondage CSA de 2008 notait que seuls 14 % des musulmans français se considéraient « d’abord comme Français » , contre 22 % qui se considéraient « d’abord comme musulmans » et 60 % autant Français que musulmans. C’est cette réalité, qui s’apparente parfois à une contre-colonisation, que ne cessent de nier ou de sous-évaluer ceux qui aimeraient détourner la campagne de cette crise du vivre-ensemble qui attise les tensions entre les communautés au risque d’enflammer des exaltés. La France éclatée vit sur une poudrière.
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La tragédie aurait pu être évitée si des garde-fous, des vigilances, des interdits avaient existé. Ces lacunes obligent les candidats, s’ils ne veulent pas apparaître comme des irresponsables ou des fuyards, à aborder calmement les questions posées par l’immigration de peuplement et l’islam radical, ces sujets qui voient la plupart des candidats se précipiter sous les tables en se bouchant les oreilles et en criant à la « stigmatisation » tandis que le choeur médiatique dénonce la « récupération ».
Le réalisme politique devrait inviter, au-delà de la lutte contre les endoctrinements annoncée hier par Nicolas Sarkozy, à réformer le Code de la nationalité quand il produit des citoyens qui, comme le forcené qui se félicitait d’avoir « mis la France à genoux » après avoir combattu ses compatriotes auprès des talibans en Afghanistan, vomissent la nation et ses valeurs démocratiques.