Le chef de l’état a écrit aux responsables de L’UOIF avant le congrès du Bourget.
« Tous ceux qui tiendront des propos contraires aux valeurs de la République seront instantanément mis dehors du territoire »
Nicolas Sarkozy enfonce le clou contre l’extrémisme musulman. Lundi soir, lors de son meeting à Nancy, il avait déjà lancé une première salve: «J’adresse un avertissement très clair qui doit être bien entendu : tous ceux qui tiendront des propos contraires aux valeurs de la République seront instantanément mis dehors du territoire de la République française. Il n’y aura pas d’exception, il n’y aura aucune indulgence. » Précisant aussitôt «sur le territoire de la République française, on considère que les hommes et les femmes sont à égalité » . Dans le domaine médical : «quand on va à l’hôpital (…)même médecin pour les hommes et pour les femmes» . À la piscine, «mêmes horaires pour les hommes et pour les femmes» . Dans les cantines scolaires, « mêmes menus pour les enfants de la République laïque» . Le candidat avait conclu sur ce point « C’est la France ! Nous resterons ouverts mais personne ne nous fera changer là-dessus parce que c’est le socle de la démocratie française. »
LAHCÈNE ABIB/SIGNATURESUne conférence de l’islamologue et théologien Tariq Ramadan, le 23 avril 2011 au congrès de L’UOIF.Mardi après-midi, c’est le président de la République, cette fois, qui a adressé une lettre au président de l’union des organisations islamiques de France (UOIF) à deux jours de son congrès annuel, au Bourget, du 6 au 9 avril. Et aux lendemains de l’interdiction, imposée par le gouvernement à six prédicateurs musulmans (internationalement connus) de venir prendre la parole à la tribune de ce congrès. Et, après le coup de filet contre la bande des «Cavaliers de la fierté» (lire ci-contre).
Dans sa lettre, rendue publique mardi après-midi, le président de la République insiste une nouvelle fois : «Je vous le dis avec la plus grande fermeté : je ne tolérerai pas que puissent s’exprimer au cours d’une manifestation publique organisée sur le sol français les porteurs de messages d’appels à la violence, à la haine, à l’antisémitisme, qui constituent des attaques insupportables contre la dignité humaine et les principes républicains. » Prévenant L’UOIF: «Les congressistes que vous réunirez dans quelques jours au Bourget doivent en être convaincus. »
Nicolas Sarkozy répondait en fait à une lettre du président de L’UOIF, Ahmed Jaballah, datée du 27 mars, qui le remerciait de «ne pas avoir fait d’amalgame» avec la communauté musulmane après les tueries de Montauban et de Toulouse par Mohamed Merah. «Vous relevez, écrit le président de la République, et je vous en remercie, que j’ai refusé de faire un amalgame entre l’immense majorité des musulmans qui souhaitent vivre paisiblement en France dans le respect des lois, et ceux qui par leur prêches, leurs discours, leurs écrits appellent à la haine et au viol des valeurs et des lois de la République. »
Mais, tout en donnant acte au président de L’UOIF de sa «volonté d’écarter » de son mouvement «les extrémistes qui instrumentalisent l’islam » et de «ne pas donner de tribune à de tels prédicateurs » , il l’a assuré «de [son] extrême vigilance » pendant le déroulement du congrès. Car Nicolas Sarkozy ne partage pas l’avis de ce responsable musulman à propos de Youssef al-qaradawi, qui devait être l’un des invités controversés. «Ce prédicateur, objecte le président de la République, réserve aux femmes un traitement dégradant, défend l’excision, fait de l’homosexualité un crime.» Il justifie les «attentats suicides en Palestine » et qualifie «la Shoah de “châtiment divin”» .
Interrogés hier soir, les responsables de L’UOIF, qui venaient de recevoir la lettre de l’élysée, réservaient encore leur réponse à ce courrier sans précédent.