Des promesses électorales irresponsables, qui ne verront pas le jour !
SOCIAL Le « Parisot nouveau » est arrivé ! Lors de sa conférence de presse mensuelle, la première depuis l’élection de François Hollande, la présidente du Medef s’est livrée hier à une charge subtile mais très claire contre le nouveau président. Bien qu’elle ne soit
« pas rentrée dans le vif des sujets » lors de ses rencontres avec Michel Sapin ou Arnaud Montebourg, la patronne des patrons a prévenu que « l’exigence de discipline budgétaire » ne doit pas être abandonnée. « La croissance est un objectif, une priorité, a-t-elle indiqué. Ce n’est pas une hypothèse, elle ne se décrète pas. » Pour la présidente du Medef, la France décrochera si le chef de l’état met en oeuvre son programme de campagne. « Nous sommes inquiets et surveillerons de près l’évolution de la fiscalité » , a prévenu Laurence Parisot qui estime à 27 milliards d’euros le supplément de charges sociales et fiscales à venir pour les employeurs. « Je ne vois pas comment on améliorera le taux de marge des entreprises avec une telle hausse des prélèvements » , s’est-elle alarmée. Or, le taux de marge a reculé de 1,5 point en deux ans en France, à 28,6 %, alors qu’il s’est maintenu à 40 % en Allemagne. « Le taux de marge est la clé de tout, a-t-elle rappelé : des investissements, des créations d’emploi, de l’innovation, du pouvoir d’achat… » Pas question donc de procéder cet été à un coup de pouce au smic « trop généreux » afin de ne pas nuire un peu plus à « la compétitivité des entreprises » et du site France.
La présidente du Medef a également émis les plus grandes réserves sur le projet de décret en préparation de retour partiel à la retraite à 60 ans. « C’était un point important du programme de François Hollande, il a été élu, bien » , a-t-elle pris acte, laconiquement. Outre des précisions sur les modalités de la mesure (les annuités retenues seront-elles cotisées ou validées ?), Laurence Parisot s’est de surcroît interrogée sur le sort… des fonctionnaires. « Seront-ils concernés ?, a-t-elle demandé. Si oui, cela n’a jamais été chiffré et devrait l’être. »
Une nouvelle réforme du marché du travail
La patronne des patrons a également fustigé l’impact financier d’un retour partiel à la retraite à 60 ans sur les régimes complémentaires : 2 milliards d’euros par an à partir de 2017, en plus des 5 attendus pour le seul régime général. « C’est un ordre de grandeur considérable qui pourrait annihiler les effets de la réforme de 2010, a-telle remarqué. L’agirc (cadres) n’a plus les moyens de se financer à partir de 2014, et nous n’accepterons pas de hausse de cotisation en plus du 0,1 point annoncé par an pour le régime général. » Si Laurence Parisot n’a enfin « pas de divergence sur la méthode » retenue pour la conférence économique et sociale de juillet - une sorte de « Grenelle » moderne avec des chantiers et un suivi régulier -, elle a tenu à en fixer les priorités pour le patronat : une réforme du marché du travail pour renforcer « l’employabilité compétitive » (nouveau concept medefien qui veut dire flexisécurité), le financement de la protection sociale (questions de santé incluses), la modernisation du dialogue social ainsi que la qualité de vie au travail.