Qui comprend le gouvernement ? Sûrement pas l’électorat populaire, qui, dans les sondages, lui retire sa confiance. Il y a de quoi : la gauche au pouvoir s’entête à appliquer un mode d’emploi farfelu. Cela donne, dans l’immédiat, une politique économique erratique, où toute suggestion de bon sens est suspecte. À preuve, le rapport de Louis Gallois, patron de gauche : parce que son texte conseille de lester les charges des entreprises et de tailler dans les dépenses publiques, il est contesté avant d’être publié. Quant à la décision de Manuel Valls d’augmenter les naturalisations, projet qui recueille 74 % de désapprobations (voir nos éditions de mardi), elle annule la singularité du ministre de l’Intérieur, tant cette mesure illustre le conformisme construit sur le culte de l’Autre, l’oubli de soi, l’indifférence portée au pacte national.
Telle est l’idéologie dominante. Elle s’applique à déconstruire les réalités et à nier les faits, dans une dialectique d’essence totalitaire. Shmuel Trigano la dénonce sous le terme de « post-modernisme »*. Cette école de pensée, qui a subverti la gauche à partir des années 1980 qui ont institutionnalisé la mémoire de la Shoah, pousse à détester tout ce qui se rapporte à l’Occident, à l’État-nation, au citoyen différencié de l’étranger. Ce dernier a vocation à être partout chez lui, sans avoir à respecter les règles de l’invitant. Cette préférence immigrée conduit à ce que « le sujet non occidental est tenu pour être ontologiquement “innocent” et “victime”. Rien n’est exigé de lui » . L’Islam en France en est le bénéficiaire. Mais sa trop grande visibilité heurte 60 % des sondés (sondage Ifop).
Il est significatif de constater que la deuxième mesure massivement rejetée (à 69 %, enquête Cevipof) est, après les naturalisations assouplies, la libre accession à l’aide médicale d’État, qui permet aux clandestins de se faire soigner gratuitement. La franchise médicale de 30 euros, instituée par la droite en 2011, a été supprimée alors que l’AME coûte 600 millions d’euros par an à la collectivité. Cette même xénophilie, indifférente aux ponctions fiscales sur le peuple invisible, a incité la gauche à diminuer de 110 à 50 euros le droit de visa à charge du demandeur d’un titre de séjour. Quant aux clandestins qui ont occupé la basilique Saint-Denis en août, Le Canard enchaîné révèle qu’ils ont été relogés dans un hôtel trois étoiles à 150 euros la nuit, et que 80 à 95 % des lits réquisitionnés pour les SDF sont occupés par des sans-papiers…
C’est dans ce contexte d’une exaltation de l’altérité, qui vise à rendre la nation poreuse et sans contenu, que doit être replacée la décision de Valls de simplifier les critères d’accession à la citoyenneté, qui avaient été durcis par son prédécesseur, Claude Guéant. Jugeant urgent de revenir à 100 000 naturalisations par an, il entend notamment enterrer les questionnaires sur l’histoire ou la culture française et réduire de dix à cinq ans le temps de résidence minimal : une politique qui dévoile l’indifférence de la gauche pour la préservation de la culture, invitée à s’ouvrir toujours plus aux quatre vents, sans réciprocité. Si Valls voulait par là signifier qu’il restait d’abord un militant socialiste, il a réussi. L’exemple de la mosquée de Poitiers
Mais la gauche élitiste à tort de jouer avec l’âme du peuple, après avoir décrété que son avenir sera dans l’hybridité culturelle et le mélangisme unilatéral. Cet éloge de l’Homme nouveau n’est pas compris des citoyens oubliés, qui n’ont d’autre richesse que leur culture plus que millénaire. Ceux-ci sont en droit d’exiger les attentions que le pouvoir réserve aux minorités et à leurs foucades. Cette semaine, la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, souhaite une révision des manuels scolaires afin d’y faire entrer « l’orientation LGBT (lesbienne, gay, biettrans) de certains personnages historiques ou auteurs » , citant Arthur Rimbaud, qui n’a jamais cherché à étaler sa sexualité. En fait, l’homosexualité est devenue, à son tour, une doctrineexigeant la déconstruction de la famille, mais aussi de l’homme et de la femme, genres n’ayant plus lieu d’être. Oui, qui comprend ?
La mise en concurrence des identités revient à manier des explosifs. Seuls 18 % des sondés sont favorables à l’édification de mosquées. De l’initiative de 73 jeunes militants de Génération identitaire, qui ont occupé samedi matin le chantier de la mosquée de Poitiers, n’a été retenue que la manière, condamnable, de s’en prendre à un lieu de culte, même si celui-ci n’est pas encore consacré. Mais cette radicalité est aussi le premier et inquiétant symptôme conflictuel d’une société sommée de rester indifférente à son devenir. Éloquent est le silence médiatique sur les motivations ayant conduit l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), proche des Frères musulmans dont le combat vise à répandre l’islam, à faire édifier sur les lieux d’une fameuse défaite musulmane (bataille de Poitiers, 732) une mosquée monumentale abritant notamment un centre culturel islamique et dotée d’un minaret de 21 mètres avec projecteurs. Gare aux réactions du peuple abusé ! Les dénonciations du camp du Bien
Un pouvoir ne peut, sans risques, se couper du peuple d’autant de façons. Le gouvernement, confronté à l’irritation de l’opinion, s’apprêterait à enterrer le droit de vote des étrangers aux élections locales : une bonne chose. En attendant, le camp du Bien se caricature à mesure qu’il impose ses idées fausses. Son autoritarisme se lit dans ses diabolisations. La presse de gauche dresse ainsi les listes de ceux qui ne pensent pas convenablement. Le Nouvel Observateur dirigé par Laurent Joffrin est devenu expert dans ces dénonciations nominatives, pratiques naguère réservées à l’extrême droite. La gauche file un mauvais coton. Obama : échec d’un symbole
Parce qu’il incarnait, par son métissage, l’Homme nouveau annoncé par les idéologues, Barack H. Obama fut porté aux nues par la pensée dominante (voir mon blog). Quatre ans plus tard, à la veille d’un scrutin indécis contre Mitt Romney, le symbole ne fait plus rêver. *« La Nouvelle Idéologie dominante », Éditions Hermann. blog.lefigaro.fr/rioufol
