Bd Voltaire
Dominique Jamet
la ligne « Tous au centre », prônée par Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, Nathalie Kosciuszko-Morizet et, de l’extérieur, par François Bayrou, n’a pas convaincu. Deux des trois têtes de liste UDI ont mordu la poussière et le maire de Bordeaux, qui a subi un camouflet retentissant avec l’échec de sa protégée Virginie Calmels, est apparu à la télévision comme le croque-mort de ses propres illusions et le prophète lugubre de l’identité heureuse.
Succès peu glorieux pour le parti du président de la République, du Premier ministre, du président et de la majorité de l’Assemblée nationale. Mais avant tout, succès qui n’est dû qu’au ralliement circonstanciel, fugace et rechigné des écologistes et du Front de gauche.
Car le plus important des enseignements de ce scrutin, et le plus lourd de conséquences, est là : si la collusion entre droite et gauche a valu cette fois encore la victoire à cette coalition informelle et honteuse d’elle-même, si les voix du « total gauche » ou les voix du « total droite » dépassent encore celles du Front national, le Parti socialiste et les « Républicains », pris isolément, arrivent en deuxième et troisième rang derrière la formation de Marine Le Pen qui confirme sa position de premier parti de France et, bien sûr, de premier parti d’opposition. Même s’il a échoué en vue du port, le Front national, contrairement à ce qui a été suggéré tout au long de la soirée électorale, a sensiblement progressé d’un tour sur l’autre et, en engrangeant huit cent mille suffrages supplémentaires, a atteint son plus haut niveau historique.