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"Manuel Valls doit démissionner dans son intérêt et parce qu'il est mauvais"
FIGAROVOX/ENTRETIEN - Thomas Guénolé estime que si Manuel Valls reste Premier ministre jusqu'au bout, il va couler avec François Hollande, qui est en plein naufrage politique. Thomas Guénolé e...
J'attire l'attention de vos lecteurs sur une escroquerie : depuis 2012, Manuel Valls s'est construit avec talent une image d'homme d'Etat courageux qui a le sens des responsabilités, mais concrètement, cette image repose sur du vent.
Sa méthode a consisté à répéter en boucle, comme des slogans publicitaires, quelques mots-clés appréciés et demandés par la très large majorité des Français: en particulier les mots «autorité», «fermeté» et «responsabilité». Cependant, dans le même temps, vous pouvez constater qu'il n'a pris aucune mesure difficile et demandant du courage politique quand il était ministre de l'Intérieur. On aboutit ainsi au paradoxe d'un ministre qui s'autoproclame «ferme» pour expulser une collégienne, Léonarda Dibrani ; mais qui n'a pas osé s'attaquer, par exemple, aux gangs des quartiers Nord de Marseille. De même, une fois Premier ministre, les grandes réformes venant de lui manquent à l'appel: le pacte de responsabilité avait en fait déjà été bouclé par son prédécesseur Jean-Marc Ayrault ; le contenu de la célèbre Loi Macron a en fait été porté bec et ongles par Emmanuel Macron ; la Loi Travail vient en réalité de
l'Elysée et d'Emmanuel Macron ; le reste est à l'avenant.
Circonstance aggravante: sur la forme Manuel Valls prend la posture du courage politique qui n'a pas peur de l'impopularité ; mais sur le fond, si vous êtes attentif, vous constaterez qu'il colle toujours aux opinions majoritaires. Toujours. Par exemple, sur la crise des réfugiés, selon que les sondages, qui fluctuent beaucoup au fil des mois, vous donnent une majorité de Français pour ou contre leur accueil, Manuel Valls vous dit qu'il faut en accueillir ou au contraire qu'il ne faut plus en héberger. Autre exemple, alors qu'il répétait depuis 2012 qu'il fallait réformer avec fermeté, il a suffi d'un sondage disant que les Français voulaient davantage de dialogue avant les réformes, pour qu'il s'empresse d'aller soudain déclarer qu'«on ne peut pas gouverner à la schlague».
Résultat: entre la posture, qui est constante, et le fond, qui fluctue au gré des sondages de la veille, Manuel Valls est une girouette avec beaucoup de fermeté. Cela fait de lui un bon communicant, parce que son message est très adaptable aux attentes ; et un mauvais gouvernant, parce qu'ainsi il est inconsistant. Autrement dit, Manuel Valls doit démissionner à la fois dans son propre intérêt, dans l'intérêt de la gauche, et parce que c'est un mauvais gouvernant.