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13 mai 2016 5 13 /05 /mai /2016 23:18
Il y a dix-neuf ans, Jacques Chirac avait dissous pour beaucoup moins que ça…
PAUL-HENRI DU LIMBERT

Comparé au désolant printemps que nous vivons, où l’on risque à tout moment de se retrouver nez à nez avec un « Nuit debout » braillard ou bien un frondeur enragé, celui du printemps 1997 apparaît comme un long fleuve tranquille. Certes, ce n’était ni Capoue ni Byzance, n’exagérons pas. Le chômage était élevé (mais moins qu’aujourd’hui) et Bruxelles (déjà) observait nos déficits avec une agressive circonspection. Mais, au moins, on ne ressentait pas cette déliquescence au sommet de l’État qui semble la marque de fabrique du pouvoir actuel en cette fin de quinquennat. Ni cette violence dans la rue, qui fait dire à Jean-Luc Mélenchon que « l’éruption » est pour bientôt.

Jacques Chirac était impopulaire ? Beaucoup moins que François Hollande ! Alain Juppé ferraillait avec sa majorité ? Oui bien sûr, on s’en souvient. Mais personne, ni au RPR ni à l’UDF, n’eut alors le début du commencement du désir de le censurer à l’Assemblée nationale ! Et pourtant, Jacques Chirac a dissous. Parce que la situation était bloquée. Et par calcul politique. Pensant qu’il avait une chance de gagner en 1997 mais qu’il n’en aurait plus en 1998, terme de la législature. Erreur funeste. On avait alors reproché à Jacques Chirac une « dissolution de convenance », ce qui n’était évidemment pas faux.

Qu’en est-il en ce printemps 2016 ? Chef de l’État le plus impopulaire de l’histoire de la Ve République, tentant de commander une majorité qui ne tient qu’à un fil, comptable d’un bilan qu’il est le seul (avec ses quelques amis de « Hé oh la gauche ! ») à trouver remarquable, devant composer avec un premier ministre et un ministre de l’Économie qui lorgnent sa place et se toisent au grand jour, surveillant du coin de l’œil Arnaud Montebourg, Martine Aubry et Jean-Luc Mélenchon, tous attachés à sa perte, François Hollande feint de croire qu’il pourra surprendre son monde dans un an. Alors qu’il a méthodiquement et spectaculairement perdu toutes les élections intermédiaires depuis 2012, propulsé le Front national au rang de premier parti de France et jeté la dernière pelletée de terre sur le vieux parti d’Épinay, qu’il a dirigé si longtemps. Qui prétendra qu’il est dans une situation plus enviable que Jacques Chirac en 1997 ?

Et pourtant, le chef de l’État, d’après ce qu’on nous en dit, ne semble pas du tout dans la même disposition d’esprit que son lointain prédécesseur, qui le 21 avril 1997, au journal de 20 heures, justifiait ainsi sa décision : « Je considère en conscience que l’intérêt du pays commande d’anticiper les élections. J’ai acquis la conviction qu’il faut redonner la parole à notre peuple. »

Si François Hollande n’a pas la dissolution en tête c’est - outre qu’un suicide politique ne le tente guère, ce qui se conçoit - parce qu’il s’est convaincu que « la France va mieux ». Tous les « hollandais » le serinent chaque matin à la radio et, comme il arrive parfois quand on répète à l’envi un énorme mensonge, ils finissent par croire que c’est la vérité.

Et pourtant, chaque jour qui passe devrait suffire à les ramener à la triste réalité. La France ne va pas mieux et on doute que, ces douze prochains mois, des millions de Français soient soudainement atteints d’un tel degré de strabisme ou d’une telle confusion mentale qu’ils se convertissent soudainement à l’optimisme surfait du président de la République. La majorité ne va pas mieux non plus, et ce qui s’est passé cette semaine à l’Assemblée nationale, où les frondeurs ont frondé à la folie, constitue un résumé accablant de la situation. Tandis que la France dégringole et désespère ses voisins, on n’a eu d’yeux que pour les foucades de Cécile Duflot et les remontrances de Christian Paul, qui s’étaient mis en tête de provoquer les conditions d’une éventuelle dissolution. Qui ne viendra pas. Alors même qu’une telle décision ne serait évidemment pas saugrenue.

Si Français Hollande, contre toute attente, se résignait à imiter le Chirac de 1997, on ne pourrait évidemment pas, vu sa cote de popularité, lui faire le reproche d’une « dissolution de convenance ». Mieux vaudrait parler alors d’une « dissolution d’évidence ». Ou de clairvoyance.

 
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