Pour ce samedi, la mobilisation parallèle de l'armée (mission antiterroriste «Sentinelle») ajoute aux maladresses: les «gilets jaunes» ne sont ni des terroristes ni des ennemis. Aucune force ne peut espérer faire taire le soulèvement en cours. Seule une réponse politique est attendue. Or en ne cessant d'emplir les débats de sa personne, le président avive l'exaspération, comprise par une majorité de Français. Un sondage Viavoice publié mercredi montre que 57 % des Français soutiennent encore les «gilets jaunes». Près de neuf sur dix (86 %) pensent qu'il faudra «réorienter la politique économique et sociale actuelle». Une majorité (62 %) se dit aussi favorable à l'inscription dans la Constitution d'un référendum d'initiative citoyenne (RIC), une des revendications prioritaires des manifestants. En dépit des casseurs, les Français cautionnent la portée moderniste des révoltés. Ce sont les ploucs du «monde ancien» qui démasquent la mascarade du «nouveau monde» immobile.

Attentat, vendredi dernier, contre deux mosquées en Nouvelle-Zélande (50 morts). L'horreur a été commise par un suprémaciste blanc qui dénonce «le grand remplacement». Ce prétexte a suffi aux sermonnaires pour qu'ils jugent coupables ceux qui, en France, décrivent le phénomène de substitution de population qui s'observe notamment dans les cités. Inacceptable omerta.