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Mathieu Bock-Côté: "Un squatteur, ça se dégage"
CHRONIQUE - L'histoire du squat de Théoule-sur-Mer a quelque chose de lunaire. Le droit de propriété n'est pas seulement relativisé, mais aboli. Pour l'étranger, même s'il se pique de connaî...
https://www.lefigaro.fr/vox/societe/mathieu-bock-cote-un-squatteur-ca-se-degage-20200911
J’écris tout cela en ayant l’impression de parler comme un ethnologue de retour d’une planète lointaine. Dans quel pays considère-t-on qu’il suffit que des individus plus ou moins soutenus par des groupes interlopes ou militants s’installent dans une maison pour la faire leur? Mon réflexe nord-américain, en la matière, est tout simple: si quelqu’un s’installe chez moi sans ma permission, je demande à la police de le virer, et elle est censée s’en charger dans l’heure, sans même qu’il faille en discuter un instant. Je me permets même une confession: mon vrai réflexe consisterait à vouloir le sortir à grands coups de pied au cul sans douter un instant d’être dans mon droit - j’use ici du pluriel car je lui en flanquerais plus d’un.
Comment peut-on en venir à considérer qu’il suffit de s’emparer d’un bien pendant quelques heures pour qu’il appartienne pratiquement désormais au voleur? Comment peut-on tolérer les complications juridiques infligées à celui qui veut reprendre possession de ce qui est à lui?
J’ai souvent parlé de cette question avec mes amis français. Même ceux qui ne me semblaient pas particulièrement sous l’emprise de la sociologie victimaire m’avouaient leur étonnement devant ma colère, en me disant qu’il s’agissait d’une absurdité française à laquelle il fallait se faire. Ils parlaient des squats comme ils me parlent de grèves dans les transports: à la manière d’une catastrophe naturelle parmi d’autres contre laquelle il ne sert à rien de s’insurger. À force de normaliser l’absurde, le bon sens devient impensable.