Ces décisions sont-elles plus politiques que scientifiques, selon vous ?
C'est une évidence. Deux raisons à cela. La première est que le président comme d'autres dirigeants doivent absolument montrer qu'ils agissent. Le vaccin présenté comme la panacée est une réponse simple, quantifiable (y compris en termes de communication) même si elle est extrêmement coûteuse et à terme au détriment de réformes de fond et de long terme (hôpitaux,…). Elle permet cependant d'éviter des mesures politiques que les Français n'accepteraient plus comme le confinement ou les couvre-feux. Le président Macron a compris qu'il fallait « en même temps » protéger par le vaccin et tout faire pour « arrêter d'emmerder les Français » et leur vie sociale et économique pour paraphraser Pompidou.
Il faudrait surtout que nos dirigeants sortent du mode panique de leur gestion de crise et s'opposent fermement à des médecins outrepassant clairement leur rôle et déformant la réalité. Mais en pleine campagne électorale, ce n'est pas gagné !
La deuxième raison est que le gouvernement a conscience que l'hôpital, indépendamment du Covid, est au bord de la rupture. Il est donc plus facile de dire que le Covid (et son Omicron variant) est responsable de tout et ainsi se dédouaner de leur propre responsabilité depuis des années. Depuis 20 mois, le maillon faible est l'hôpital. A-t-il été renforcé en termes de lits ou de réformes profondes ? Non, il a été affaibli avec des milliers de lits fermés en 2020 et une fuite des personnels jetant l'éponge. Quel(le) candidat(e) portera une vision sur l'hôpital et le système de santé avec refonte totale de la gouvernance et remaillage des territoires autour de la proximité. C'est une urgence politique pour la campagne.