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Retraite complementaire : les reserves de l'Agirc-Arrco s'amenuisent a grande vitesse
Les réserves des régimes de retraite complémentaire des salariés du privé seraient épuisées entre 2017 et 2020. Les partenaires sociaux se réunissent aujourd'hui pour examiner des solutions. Hausse des cotisations, âge de départ, toutes sont controversées.
Les réserves des régimes de retraite complémentaire des salariés du secteur privé fondent comme neige au soleil. Déficitaires depuis 2010, l'Arrco (pour l'ensemble des salariés) et l'Agirc (pour les seuls cadres) sont obligés de puiser dans leurs réserves pour payer la part complémentaire des pensions de 11 millions de retraités. Ces réserves étaient jusqu'à présent confortables : plus de 6 milliards d'euros pour l'Agirc, près de 42 milliards pour l'Arrco fin 2012.
Mais elles vont s'épuiser plus rapidement que prévu, selon les dernières projections qui viennent d'être réalisées par les services de l'Agirc-Arrco (voir graphique). Car la hausse du chômage réduit les rentrées de cotisations sociales. En tablant sur un peu plus de 10 % de chômeurs, en 2013 comme en 2015, les caisses de l'Arrco seraient vidées en 2020. Il y a dix-huit mois, on estimait encore qu'elles tiendraient dix ans de plus. Quant aux réserves de l'Agirc, elles seraient asséchées dès 2017. Autant dire demain, dans un système de retraite où toute réforme met du temps à produire des effets.
Des réformes, les partenaires sociaux qui gèrent l'Agirc-Arrco commencent à en discuter ce matin. Patronat et syndicats se retrouvent pour examiner des solutions. Dix scénarios ont été chiffrés : hausse des cotisations, augmentation de la durée de cotisation, relèvement de l'âge légal de la retraite, gel temporaire des pensions... Le problème, c'est qu'aucune de ces modifications de paramètres, prise isolément, ne change la donne. Par exemple, si on reculait l'âge légal de la retraite de 62 à 64 ans rapidement, d'ici à 2023, cela rapporterait moins de 5 milliards d'euros par an à l'Agirc-Arrco en 2030. Si on gelait les retraites pendant un an, cela permettrait une économie de 1,4 milliard seulement à l'horizon de 2017. La situation financière des régimes serait certes améliorée, mais cela ne repousserait guère l'échéance d'épuisement des réserves. « On est arrivés au bout d'une logique. On ne peut plus se contenter de modifier tel ou tel paramètre », analyse Jean-Louis Malys (CFDT).
Les débats s'annoncent donc délicats. Deux lignes vont s'affronter. Certains négociateurs plaideront pour des mesures immédiates afin de sauver les retraites complémentaires à court terme. « Les partenaires sociaux seraient irresponsables s'ils décidaient de ne rien faire. Il faut à tout le moins prendre des mesures conservatoires », plaide Jean-François Pilliard (Medef). « Nous pouvons nous mettre d'accord sur des mesures immédiates qui permettront aux régimes de respirer, avant une réforme de plus grande ampleur », estime Philippe Pihet (FO).
D'autres souligneront qu'il ne sert à rien de « rafistoler » dans l'urgence, alors que le gouvernement lancera au début de l'année prochaine une concertation en vue de réformer l'ensemble du système de retraite. « Le patronat met la charrue avant les boeufs pour faire passer des réformes qui pénaliseront les salariés et les retraités. Le vrai problème, qui est celui des ressources insuffisantes des régimes, doit être abordé dans un cadre beaucoup plus large », estime Eric Aubin (CGT).
Par VINCENT COLLENRETOUR