Des ouragans s’annoncent sur la France. Les processions de la gauche radicale, dimanche, contre la « rigueur » ne refléteront qu’une faible partie de la colère qui monte. Partout l’exaspération des gens est palpable. Elle se traduit dans les sondages par la chute de François Hollande et par un raidissement de l’opinion. L’urgence réactive, réactionnaire en somme, se cristallise à mesure que le gouvernement confirme, par son impuissance, que demain sera pire qu’hier. Les plus de trois millions de chômeurs et le matraquage fiscal ne sont pas pour rien dans les révoltes. Mais trop de laxisme partagé a également exacerbé le manque d’autorité et de courage, ces valeurs recherchées. Le rejet du droit de vote pour les immigrés aux élections locales n’est que le premier épisode d’une série de retournements qui pourrait aussi atteindre le mariage homosexuel et son consensus mou.
La chanteuse américaine Lady Gaga, adulée par les promoteurs de la pensée creuse, estime que « ce que pense le Pape » en matière d’homosexualité « n’intéresse personne » . Il est vrai que les médias bêlent devant ses sermons sur le mariage pour tous. Cependant, ils font peu de cas des capacités de réflexion d’une opinion saturée par les leçons de morale des idoles. L’Église, qui sort de sa désespérante timidité pour affronter crânement les déconstructeurs de la famille, a une attitude qui réveille l’attention. D’autant que la perspective, dans les documents officiels, de substituer aux noms du père et de la mère ceux de « parent 1 » et « parent 2 », ne rend pas ce nouveau monde forcément attrayant. La défiance qui touche Hollande affaiblit d’autant sa promesse.
Quand Daniel Cohn-Bendit, figure de Mai 68, critique le « gauchisme » d’Europe Écologie, sa réaction illustre le besoin de rationalité d’une société ayant vécu cul par-dessus tête depuis plus de quarante ans. Cette époque s’achève, victime de ses désastres économiques, sociaux, culturels. C’est pourquoi Christiane Taubira, garde des Sceaux, se trompe de combat quand, prêtant davantage attention aux détenus qu’aux victimes, elle critique les courtes peines, les peines planchers, les tribunaux correctionnels pour enfants, les centres éducatifs fermés, etc. La France compte deux fois moins de détenus que la moyenne européenne. Mais ce soi-disant « tout carcéral » est déjà trop pour celle qui veut vider les prisons.
Cette gauche irresponsable, que le ministre de l’Intérieur Manuels Valls peine à corriger en affichant sa solidarité avec les forces de l’ordre, creuse sa tombe. Taubira est, dans son illustration de la faiblesse publique, un non-sens politique. La « fait diversité » le rappelle en ne cessant de mettre en scène ses sentiments d’impunité et la vulnérabilité d’un pouvoir désarmé. À ce laxisme s’ajoute celui, économique, qui rend l’État socialiste incapable de se résoudre à des économies qui remettraient en cause ses propres croyances. Le pays endetté se précipite vers des catastrophes que seul un sursaut saurait peutêtre éviter. Il ne se fera qu’au prix d’un abandon de l’État surprotecteur. Incohérence économique Déjà des voix se font entendre chez les socialistes pour avouer irréalisable l’objectif d’une réduction du déficit à 3 % du PIB en 2013. De fait, l’engagement solennel du chef de l’État auprès de ses partenaires européens n’est pas crédible au regard du peu d’économies sur les dépenses de l’État. La France se garde de s’imposer le vingtième de ce qu’elle exige pour la Grèce. Le recours à l’impôt, dans des proportions devenues insupportables, est de ces raisons qui ont suffi jadis à attiser des révolutions. Cependant, manquer le rendezvous de 2013 aurait des conséquences graves pour la crédibilité de la France et pour ses taux d’intérêt. La banqueroute n’étant pas envisageable - sauf pour les partis d’extrême gauche qui invitent l’État à ne pas honorer ses dettes -, il ne reste au gouvernement qu’à se faire violence en sabordant son coûteux idéal social-démocrate au profit d’une libéralisation induite dans le pacte de croissance européen ratifié.
En fait, l’incohérence sécuritaire de Taubira n’est rien comparée à l’incohérence économique d’un gouvernement qui a choisi d’accabler encore davantage les entrepreneurs plutôt que de redonner de l’air à ces créateurs d’emplois. L’amélioration de la compétitivité des entreprises doit impérativement passer par la flexibilité du travail et l’allégement des charges. La promesse du chef de l’État d’inverser la courbe du chômage à la fin 2013 est intenable pour un pays sans croissance, qui fait fuir les plus riches tout en continuant à attirer les plus pauvres et les moins qualifiés. Les économies de bouts de chandelle annoncées ici et là pour feindre la rigueur sont dérisoires à côté des coupes claires auxquelles devrait s’obliger un pouvoir responsable. Son défi est de rompre avec plus de trente ans d’addiction à la dette et d’évacuer les fatras d’une utopie socialiste qui ne répond plus au monde nouveau. Il n’a pas le choix. Déni et dénigrement C’est une gauche déstabilisée par les évidences qui tente de tenir tête, en appliquant son registre du déni et du dénigrement. Ainsi, une même indignation a accueilli la réflexion de Jean-François Copé sur l’existence d’un « racisme antiBlancs » dans certains quartiers, évidence apparue dès 2005 lorsque des manifestations lycéennes avaient été agressées par des voyous des cités. Mais l’idéologie antiraciste, qui ferme aussi les yeux sur les sentiments anti-Juifs qui se répandent dans des banlieues, interdit la critique contre les minorités immigrées. Pour la pensée automatique, parler de racisme anti-Blancs est un marqueur d’extrême droite. L’histoire rappelle comment, dans les années 1930, une partie de la gauche pacifiste s’est déshonorée au nom de l’apaisement. Marcel Déat, néosocialiste, antiraciste et antifasciste proclamé, avait suivi ce parcours qui allait le conduire à la collaboration. Il y a des petits Déat en puissance chez les « antinéofachos » d’aujourd’hui, prêts à composer avec l’islam politique, sa victimisation, son refus de l’altérité. L’argent du Qatar Ne rien voir du Qatar, hormis son argent (voir mon blog) ? Que cet État islamiste ait été choisi pour aider prioritairement les banlieues musulmanes dit tout de la légèreté du pouvoir.
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