Il n'y a pas de place dans le quinquennat pour deux chocs : l'un fiscal, l'autre de compétitivité. C'est la conclusion très politique à laquelle sont parvenus François Hollande et ses ministres qui torpillent à qui mieux mieux le rapport de Louis Gallois avant même qu'il ne soit publié.
L'ex-président d'EADS avait été mandaté par le chef de l'Etat, pour savoir si l'industrie française souffrait réellement d'une perte de compétitivité liée au coût du travail. La réponse est oui.
Selon Le Figaro, Louis Gallois préconiserait un choc de compétitivité de 30 milliards d'euros essentiellement sous la forme d'une réduction des cotisations sociales patronales couplée à une baisse moins importante des cotisations salariales.
Pour ne pas creuser le déficit de la sécurité sociale, seraient préconisés en contrepartie une hausse modérée de la CSG et/ ou de la TVA, un peu de fiscalité écologique et de sérieuses économies budgétaires.
Depuis qu'il a eu connaissance du pré-rapport , le gouvernement multiplie les déclarations pour dire qu'il ne se sent pas engagé. Il ne prévoit pas d'annonces immédiates et renvoie d'éventuelles décisions à février prochain, une fois publié un autre rapport, celui du Haut conseil sur le financement de la protection sociale.
Il a les deux pieds sur le frein pour deux raisons essentielles. D'abord personne n'est d' accord au sein du gouvernement : il y a ceux qui contestent le diagnostic en affirmant qu'il y a pas de problème de coût du travail, ceux qui refusent d'augmenter la CSG de peur de toucher aux retraités, ceux qui récusent la hausse de la TVA par crainte de l'inflation et parce que ce serait moins juste que la CSG, ceux enfin qui réclament du donnant-donnant c'est-à-dire des allègements de charges à condition que l'entreprise investisse.
Cette cacophonie résulte du fait que l'allègement du cout du travail ne figurait pas dans les propositions du candidat Hollande et n'avait donc pas été tranché avant l'élection ni par l'élection ce qui est une grosse faiblesse.
S'ajoute à cela la très mauvaise conjoncture qui réconcilie la plupart des ministres sur une position de prudence : il serait, à leurs yeux, très risqué, du point de vue économique mais aussi électoral, de provoquer un nouveau choc sur le pouvoir d'achat après le choc fiscal de 20 milliards d'euros provoqué par le projet de budget pour 2013.
Autrement dit, les impôts nouveaux que vient de décider le gouvernement pour partie sur les entreprises, pour partie sur les ménages afin de réduire les déficits publics sont en train de bloquer toute idée de réforme structurelle.
Cela revient à dire que le pays s'enfonce dans la crise sans se donner les moyens de réagir. C'est plutôt inquiétant pour la suite.