Il y avait bien, hier soir, face à face, un ancien et un moderne. Premier secrétaire du PS pendant onze ans, admirateur inconditionnel de François Mitterrand, François Hollande parle couramment le langage socialiste. Celui qu’on ne parle plus depuis bien longtemps en Europe. Taxation, redistribution, et le tour est joué. Ce programme a le mérite de la simplicité, mais il est probablement apparu un peu court aux yeux de nombreux téléspectateurs. C’était le rôle de Nicolas Sarkozy de rappeler à son rival que le monde s’est profondément modifié depuis que les socialistes ont quitté le pouvoir, il y a dix ans. Il faut donc changer de logiciel : oublier les emplois jeunes ou le retour à la retraite à 60 ans, oublier aussi l’idée qu’une fiscalité confiscatoire résoudra les problèmes du pays et que la dépense publique a nécessairement des vertus, oublier enfin que la France a naturellement raison contre le reste du monde. Mais François Hollande ne peut l’avouer puisqu’il est le chef de file d’une gauche française qui a plus de talent pour parler de son passé que pour imaginer l’avenir. Nicolas Sarkozy a apporté la preuve hier que, dans une élection aussi fondamentale que l’élection présidentielle, le sortant pouvait être plus moderne que celui qui aspire à le remplacer.