6,4 millions d’électeurs pour Marine Le Pen. À qui la faute ? François Hollande a trouvé un coupable idéal. Il s’agit évidemment de Nicolas Sarkozy. Depuis cinq ans, dit-il, le discours du chef de l’état « a fait le jeu de l’extrême droite » . Si François Hollande s’engage dans ce raisonnement, il devrait le pousser jusqu’au bout. Il pourrait notamment se demander pourquoi pendant les cinq années du gouvernement Jospin,
Jean-marie Le Pen a tellement progressé qu’il a éliminé le premier ministre PS de la course à l’élysée le 21 avril 2002. Voilà un contre-exemple édifiant. Moralité : que l’on parle des thèmes chers au FN, comme Nicolas Sarkozy, ou qu’on les ignore, comme Lionel Jospin, ne change rien à l’affaire. Le vote protestataire s’enracine et les deux finalistes du 6 mai devront en tenir compte. La stratégie de Marine Le Pen est limpide. Souhaitant ardemment une explosion de L’UMP, elle ne donnera pas de consigne de vote et jouera ainsi la victoire de François Hollande. Ses électeurs ne sont pas obligés d’être sensibles à ces calculs politiques hasardeux. Ils ne doivent se poser qu’une seule question : qui, de François Hollande ou de Nicolas Sarkozy, est le mieux à même de répondre à leurs attentes ? La réponse va évidemment de soi. La gauche n’a jamais fait preuve d’une grande lucidité sur les sujets qui font le quotidien des électeurs FN, à commencer par l’insécurité et l’immigration. Elle a même souvent été
« naïve » , voire « angélique », pour reprendre les mots de Lionel Jospin. Pourquoi le serait-elle moins aujourd’hui qu’hier ? La naïveté et l’angélisme ne sont pas les mots qui caractérisent le mieux Nicolas Sarkozy. Si les électeurs FN souhaitent que le futur chef de l’état soit davantage attentif à leurs demandes, on voit mal pourquoi ils choisiraient François Hollande. Sont-ils, entre autres choses, favorables au droit de vote des étrangers aux élections locales, cette vieille promesse de 1981 que les socialistes eux-mêmes avaient fini par oublier avant de l’exhumer ? Marine Le Pen veut la chute de Nicolas Sarkozy ? Soit, mais ses électeurs sont libres de leur choix. Et libres surtout de ne pas s’abandonner à la politique du pire.