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15 mars 2013 5 15 /03 /mars /2013 07:36
  • 15 mars 2013
  • Le Figaro

Le conseiller régional et ancien député* s’insurge contre la loi d’amnistie exonérant les délits commis dans le cadre d’actions syndicales.

En soutenant ce texte, le gouvernement va en fait rendre beaucoup plus difficiles les rapports entre partenaires sociaux et va creuser un peu plus le fossé entre citoyens et syndicalistes

Alors que la croissance est en panne et l’économie en berne, à l’heure où les plans sociaux se multiplient et où l’inquiétude grandit chez les chefs d’entreprise, au moment où les salariés ont besoin d’être rassurés, le gouvernement vient de démontrer, une fois de plus, l’incohérence de son projet. En effet, le vote par le Sénat de la loi d’amnistie exonérant l’ensemble des délits commis dans le cadre d’actions syndicales n’est rien d’autre qu’une oeuvre de saccage de l’état de droit.Le droit français permet aux employés en désaccord avec leur employeur d’utiliser des moyens de revendications et de pressions légaux, tant qu’ils s’exercent pacifiquement. La négociation sociale est ainsi devenue un art et le syndicalisme un métier pour tous ceux qui au quotidien en sont les représentants. Mais si négocier avec fermeté est un droit, menacer la partie adverse ou ses biens doit rester sévèrement punissable. Or ce texte voté au Sénat est un encouragement aux comportements délictueux et un appel aux débordements. Car cette amnistie risque d’ouvrir très largement la porte à une escalade vers plus de violence. L’expression démocratique doit rester pacifique et respectueuse des autres et de l’espace public. La justice ne peut pas tolérer les dérapages, les débordements ou la destruction sous couvert de conduire une lutte idéologique ou politique.

Et le Parlement, n’en déplaise à M. Mélenchon et à quelques-uns de ces amis du Front de gauche, n’est pas là pour effacer les délits commis par les casseurs et les fauteurs de troubles lors des manifestations. Pourquoi dès lors faut-il à tout prix amnistier les syndicalistes ?

Nul ne découvre aujourd’hui la politisation du monde syndical dans notre pays. Car si, depuis la nuit des temps on nous vante la qualité d’un dialogue social appuyé sur la notion de neutralité politique, personne n’est dupe en réalité. En France, la paix sociale s’achète, son prix se négocie sur un marché qui lui est propre et où l’intérêt général n’est malheureusement pas toujours le seul à rentrer en considération. Il en a, diront certains, toujours été ainsi, et il est vrai que nul n’a véritablement pris la peine de s’émouvoir de la reconversion dorée de M. François Chérèque, leader de la CFDT, nommé par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault au sein d’un grand corps d’inspection de l’État puis installé à la tête de la fondation Terra Nova, think-tank officiel du Parti socialiste.

La dernière campagne présidentielle est certes passée par là et aura sans doute permis de mettre un terme à l’hypocrisie manifeste que constituait la neutralité politique des grandes formations syndicales. Bernard Thibault a clairement appelé à l’époque à faire battre Nicolas Sarkozy. Et ce message a été relayé sur le terrain par les dizaines de milliers de militants de la CGT. François Hollande a profité du soutien des militants syndicaux pour gagner l’élection présidentielle. Et une fois élu, il les a laissé tomber. « Moi, président, je ferai annuler l’ensemble des décisions de justice rendues contre des militants syndicaux » , reconnaissons que si elle avait été prononcée en ces termes, l’effet produit par la fameuse tirade de François Hollande n’aurait peut-être pas été le même. C’est pourtant exactement ce qui est en cause ici.

À l’heure où le dialogue avec les syndicats semble rompu, au lendemain de déclarations de Bernard Thibault laissant entendre qu’il regrette son soutien à François Hollande, le gouvernement socialiste cherche à redorer son image auprès des formations syndicales par de basses manoeuvres clientélistes. À l’approche des élections municipales, il faut continuer à rouler dans la farine « made in Solférino », les alliés verts et communistes, afin d’éviter l’éclatement des majorités locales. Et quoi de mieux pour cela que de faire croire aux syndicalistes qu’ils seront désormais au-dessus des lois, que l’on pourra blanchir les plus violents et amnistier les faits les plus graves.

En soutenant ce texte, le gouvernement va en fait rendre beaucoup plus difficiles les rapports entre partenaires sociaux et va creuser un peu plus le fossé entre citoyens et syndicalistes. S’il était confirmé par un vote favorable à l’Assemblée nationale, ce concept d’amnistie sociale marquerait un coup d’arrêt au dialogue social en légitimant la violence comme mode d’action et d’expression. Cette simple idée, essence du projet de loi, est totalement inacceptable. Car elle démontrerait que désormais, le clientélisme électoral tient lieu de démarche politique assumée et revendiquée. * Auteur en 2011 du rapport, interdit de publication, sur le financement des syndicats.

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Published by voxpop - dans La France en résistance

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