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21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 08:09

 

  • 21 janv. 2013
  • Le Figaro
  • PROPOS RECUEILLIS PAR PATRICK SAINT-PAUL À HANOVRE
Gerhard Schröder : 

L’ancien chancelier allemand regrette que le niveau de coopération entre Angela Merkel et François Hollande ne soit plus aussi étroit qu’on pourrait le souhaiter, notamment pour la résolution de la crise en Europe.

La France doit aller au bout du processus de réformes, qui semble enfin engagé
On ne peut pas se permettre d’investir moins dans la politique industrielle en Europe et continuer de financer la politique agricole au même niveau

LE FIGARO.- En 2003, vous célébriez l’amitié franco-allemande avec Jacques Chirac avec lequel vous cultiviez une grande proximité. L’état actuel des relations vous inquiète-t-il ?

Gerhard SCHRÖDER.- L’amitié entre les peuples en Allemagne et en France reste très forte. En revanche, le niveau de coopération entre la chancelière et le président ne paraît plus aussi étroit qu’on pourrait le souhaiter, notamment pour la résolution de la crise en Europe. J’espère que les sujets d’irritation entre eux finiront par disparaître. Car une chose est sûre : rien ne marche en Europe lorsque la France et l’Allemagne ne sont pas sur la même longueur d’onde.

Quelle est l’importance de la relation personnelle entre le président et la chancelière pour faire bouger les choses ? Ils ne sont pas obligés de s’aimer mais ils doivent se respecter. En général, les constellations sont meilleures lorsque les dirigeants n’ont pas la même couleur politique. .......


Qu’attend l’Allemagne de la France dans ce partenariat ?

 

L’Allemagne ne peut pas agir seule en raison de son histoire. Nous avons besoin de la France et la France a besoin de l’Allemagne pour des raisons économiques. Il existe trop de disparités entre les pays européens. L’Allemagne attend que la France fasse les devoirs que nous avions accomplis en 2003. Il y a dix ans, pour les 40 ans du traité de l’Élysée, nous nous étions entendus avec Jacques Chirac afin d’agir de concert en renforçant notre compétitivité pour faire face à la mondialisation. Six semaines plus tard, nous avons fait l’Agenda 2010. Le résultat est que l’Allemagne est devenue plus compétitive que les autres pays. C’est ce qui a manqué à la France. Votre pays doit désormais procéder à un rattrapage dans des conditions plus difficiles. Il doit aller au bout du processus de réformes, qui semble enfin engagé.

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Contrairement à vous, Hollande a augmenté les impôts pour combattre le déficit. Est-ce opportun ?

Je dois le confesser : je ne comprends pas cette histoire de 75 %. Je suis naturellement favorable à ce que les personnes aisées soient taxées davantage que les autres. L’État a besoin des impôts pour financer l’éducation et les infrastructures. Mais tout ce qui va au-delà de 50 % est contre-productif et nuit au développement économique. Si l’on a investi dans une entreprise familiale, on ne peut pas se dire que 75 % du bénéfice va disparaître. Je doute que cela renforce la compétitivité. Je ne conseillerais à aucun parti social-démocrate de taxer à plus de la moitié. À mon époque, j’ai abaissé le plafond de l’imposition de 49 % à 42 %, puis le plafond est remonté à 45 % pour les plus riches. Toute politique fiscale dissuasive pour les investissements, notamment dans les PME, est contre-productive car elle provoque la fuite des capitaux.


Sur la question des retraites, vous avez jugé récemment que François Hollande avait envoyé les mauvais signaux. Pourquoi ?

 

C’était de la poudre aux yeux de ses supporteurs. Le retour à la retraite à 60 ans concerne tellement peu de personne qu’il ne menace pas l’équilibre des caisses de retraite. La situation démographique de la France et sa pyramide des âges sont plus favorables que les nôtres. Mais la tendance en Europe est partout la même. François Hollande a créé l’impression qu’il n’y a pas de problème de vieillissement de la population alors que ce problème est réel. Il a laissé croire qu’il n’y a pas de problème de financement des retraites alors que ce problème existe bel et bien.


La France peut-elle faire l’impasse sur la limite de 3 % de déficit en 2013 si elle fait des réformes ? Si c’est le prix à payer pour des réformes profondes, alors la Commission européenne devrait tolérer un léger assouplissement pour une durée limitée.

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 Mario Draghi a fait un excellent travail à la tête de la Banque centrale européenne. La BCE est la seule institution qui pouvait agir, parce qu’elle avait la capacité d’enrayer la crise.

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 La politique de discipline allemande à elle seule n’aurait pas permis de surmonter la crise. Il ne suffit pas de dire qu’il faut économiser, pour consolider les finances. Il faut aussi stimuler la croissance. Lorsque les Français insistent pour soutenir la croissance, on ne peut que s’en féliciter. Il faut financer des infrastructures par de grands investissements. On peut le faire avec la Banque européenne d’investissement et avec la concentration des fonds structurels et de cohésion. Mais il faut aller encore plus loin.

Comment ? Les États nationaux peuvent agir utilement en ce sens. Il faut mieux utiliser les fonds existants. Je sais que ce n’est pas facile pour la France lorsque l’on s’attaque au budget de la PAC. Mais on ne peut pas se permettre d’investir moins dans la politique industrielle en Europe et continuer de financer la politique agricole au même niveau. C’est aussi dans l’intérêt de la France dont la production industrielle a reculé de façon significative. La production industrielle de l’Allemagne est à 20 % du PIB contre 12 % en France. C’est trop peu si la France veut surmonter le problème du chômage des jeunes.

Comment expliquez-vous ce décrochage de l’industrie française ? On voit les grands groupes français partout dans le monde. Mais ce qui manque c’est l’internationalisation des PME. Nous avons soutenu très fortement nos PME. Les « champions cachés » potentiels existent aussi en France. Mais les PME françaises se sont trop fortement focalisées sur la France et les exports en Europe. L’industrie automobile allemande, avec le tissu de PME sous-traitantes, doit son succès au fait qu’elle s’est mise très tôt à produire en Amérique latine, aux ÉtatsUnis et surtout en Asie, spécialement en Chine. Mais aussi en Russie. L’industrie automobile française a souffert de ce défaut d’internationalisation. De même que les constructeurs français se sont trop concentrés sur les modèles bas et milieu de gamme. L’automobile allemande doit aussi sa réussite aux modèles haut de gamme. VW est le meilleur exemple : le groupe possède Audi et d’autres marques premium, qui leur permettent de payer des salaires plus élevés. Et ils peuvent adapter aux modèles d’entrée et moyenne gamme les technologies de pointe développées pour le sommet de l’échelle.

L’Allemagne a exposé sa vision d’une Europe politique restée sans réponse à Paris. Est-ce le prochain chantier franco-allemand ? Les propositions de la chancelière vont dans le sens de ce que souhaitent les Français. Les conservateurs et les libéraux en Allemagne, qui ont toujours été opposés au gouvernement économique, l’ont finalement accepté. Maintenant, la France doit reconnaître que cette politique a toujours été défendue à Paris, à gauche comme à droite. Il faut aller audelà de la simple coordination de la politique monétaire par la BCE. Il faut aussi la coordination des politiques économiques et financières. Il faut instaurer une union politique pas à pas. Cela ferait sens, par exemple, de faire élire le président de la Commission par le Parlement européen et de renforcer ainsi le rôle du Parlement. Ces discussions étaient déjà sur la table il y a dix ans. L’Europe ne souffre pas du manque d’idées, mais d’un déficit de volonté politique.

La vision fédérale allemande de l’Europe n’enchante pas la France… La France a toujours défendu l’Europe politique. Mais elle n’a pas voulu reconnaître que cela implique de transférer des pouvoirs depuis les États nationaux vers le niveau supranational. On a voulu croire en France qu’on pouvait réclamer un gouvernement économique et une union politique tout en continuant de concentrer les pouvoirs au sein de l’État national. La France doit trancher ce débat. Si la France veut une union politique, elle devra transférer des pouvoirs de décision. C’est une question de leadership politique.

 

Se faire réélire ne peut pas être le seul

 

objectif de l’action politique.

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