- 22 mars 2013
- Le Figaro
- PROPOS RECUEILLIS PAR CHARLES JAIGU
Le député UMP veut que la manifestation contre le mariage pour tous sanctionne la politique de François Hollande.
Le député de la 3e circonscription des Yvelines, Henri Guaino, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, est l’auteur d’un manifeste contre le projet de « mariage pour tous ». Il remonte en première ligne avant la manifestation de dimanche.
Le FIGARO.- Pensez-vous que Hollande puisse reculer sur le texte instaurant le mariage et l’adoption homosexuels ?
Henri GUAINO.- Nous sommes confrontés à un gouvernement qui se croit tout permis, qui se comporte comme si les Français lui avait donné un chèque en blanc pour tout casser. Ils sont engagés dans une entreprise de destruction de l’économie, de la société, de la culture et des institutions sans précédent. Puisque l’on ne peut pas censurer le gouvernement au Parlement, il faut le censurer dans la rue. Dimanche il faut faire comprendre à ce gouvernement qui ne veut rien entendre qu’il doit écouter et respecter les Français. Il faut que le président entende ces Français qui n’ont jamais rien cassé. Honte à ce gouvernement qui méprise ceux qui ne cassent jamais et amnistie les casseurs.
En élisant François Hollande, les Français n’ont-ils pas souscrit à son projet ?
Il y avait 60 propositions, une élection présidentielle, ce n’est pas 60 référendums. En refusant de donner la parole au peuple, le président ne grandirait pas la fonction, il l’abaisserait dramatiquement.
Selon Hollande, la Constitution n’autorise pas un référendum sur les questions sociétales…
Il se moque du monde. Les réformes sociales peuvent être soumises à référendum, le mariage c’est une institution sociale. Le recours au référendum est de la seule responsabilité du président. S’il ne donne pas la parole au peuple ce n’est pas parce qu’il ne peut pas, mais parce qu’il ne veut pas. Dimanche il doit sentir que les Français veulent la parole et ne veulent plus de cette façon de gouverner si méprisante pour ceux qui ne sont pas d’accord avec sa politique.
La censure par la rue, c’est respecter la République ?
La République, c’est le peuple. Quand on réclame la parole sans rien casser, oui c’est la République. Quand on amnistie les casseurs, c’est le contraire de la République. En refusant les Champs-Élysées aux manifestants le gouvernement s’est comporté de façon antirépublicaine. En 1968, c’est là que le peuple français s’est levé pour s’opposer à la destruction de toute la société. Il est certain qu’une gauche post-soixante-huitarde ne voulait pas revoir ces images. Voilà la vérité. Et ça, ce n’est pas la République.
S’agit-il dans votre esprit de censurer uniquement le mariage pour tous…
C’est toute la politique du gouvernement qu’il faut censurer. Que le gouvernement engage une réforme aussi lourde de conséquences, qui peut engendrer autant de souffrances, dans le seul but de détourner l’attention de son incapacité à affronter une crise économique et sociale dramatique, le rend doublement coupable. C’est une double faillite morale devant laquelle aucune conscience française ne devrait rester sans réaction. Oui, c’est à la rue de sanctionner cette faute morale et politique. Si on manque ce rendez-vous de dimanche, alors le pouvoir se croira tout permis.
L’opposition a-t-elle renoncé à ce combat ?
Devant l’interdiction de défiler sur les Champs-Élysées l’opposition aurait pu être plus pugnace. Il faut aller jusqu’au bout de ses convictions sans céder à l’intimidation du politiquement correct. Peutêtre certains devraient-ils y réfléchir