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François Hollande a fait le pari que, pour réformer la France, il ne fallait pas l'exciter mais, au contraire, l'apaiser et que de l'apaisement naîtrait la confiance. Il lui a murmuré pendant toute la campagne qu'"elle n'était pas le problème mais la solution". Il s'est campé dans le rôle du président normal. Et, à cet instant, c'est ce qu'elle voulait entendre.
Mais ce qui était un bon positionnement de campagne se révèle dans l'exercice de l'Etat un peu court : en cette rentrée, ce n'est pas la confiance qui domine mais le doute sur le pouvoir, sa réalité, son incarnation, sa capacité à faire ce qu'il avait promis : "Le changement c'est maintenant." Eu égard au climat économique du moment, la baisse de popularité du couple exécutif n'est pas une surprise. Mais qu'elle se manifeste aussi tôt dans le quinquennat et de façon aussi brutale est un avertissement : trop de louvoiements, trop de commissions, trop peu d'engagements et d'explications sur ce chemin du redressement. Avec en prime une hésitation à décrire l'état réel du pays parce que l'expression brutale de la réalité rendrait trop improbable le scénario de la normalité qui a marqué les cent premiers jours.
C'est ce décalage entre le caractère dramatique de la situation et l'exercice banalisé du pouvoir qui saute aux yeux et complique la rentrée de François Hollande. Le président est trop effacé, trop tranquille. Il veut déléguer aux partenaires sociaux une partie du changement ? Soit.
En attendant, le bateau coule et c'est à lui qu'on demande des comptes. D'où cet instant dangereux, ce vide de la rentrée qu'il faut combler à coups de mesures d'urgence. Lesquelles ne masquent pas totalement le vide, car il y manque une parole forte. C'est le retour insidieux de la défiance en politique et la fin d'un mythe : celui de la présidence normale.
fressoz@lemonde.fr