l’UMP n’appartient pas à ses dirigeants
mais à ses militants et à ses sympathisants.
Le dernier mot leur revient.
Quitte à créer un autre mouvement.
Récapitulons : les militants UMP ont voté, le 18 novembre, pour une rénovation de la droite. En faisant émerger l’outsider Jean-François Copé et la Droite forte, ils ont remis en cause la subversion de leur parti par le prêt-à-penser homologué par la gauche. Comme l’a remarqué avec amertume François Fillon, «dans cette campagne il y a eu beaucoup d’accents très mâles sur la nécessité d‘une société d’autorité (…)» . Depuis, l’ancien premier ministre se comporte comme s’il cherchait à délégitimer la radicalité qui l’a fait trébucher, lui qui croyait sa candidature promise au plébiscite. Avec ses amis, ils font comprendre qu’ils rejettent la perspective d’une droitisation de leur mouvement. Mais leur diabolisation de Copé rappelle des méthodes trop usées.
......... Voilà déjà deux semaines que le gouvernement, qui additionne fautes et mauvais résultats, est laissé en paix par une opposition qui se ridiculise dans le duel fratricide de deux professionnels de la politique. ......
Une chose est sûre : l’UMP doit se réformer si elle veut se moderniser. Elle ne peut demeurer ce parti de perdants, approprié par des notables soucieux de préserver un conservatisme ouaté et un langage feutré. La virulence des propos contre Copé, assimilé à un chef mafieux ou à un adepte du coup d’État, vient de ceux qui refusent la mutation «décomplexée» de leur parti. Or quand ils dénoncent un «coup de force» , ces outragés sont les premiers à appliquer la méthode, en visant à délégitimer un courant réactif et dynamique. L’anticopéisme, à l’instar de l’antisarkozisme d’hier, dissimule un conformisme.
La crise de l’UMP a néanmoins le mérite de révéler les non-dits sur la préservation de la cohésion nationale, sujet dont Copé a compris qu’il devait être abordé. Ce qui divise le parti n’est plus la question des liens avec le FN, qui empoisonna en 1988 les relations entre le RPR et l’UDF : chaque camp les exclut. La ligne de démarcation est à rechercher sur la position de la République face à la montée de l’islam, conséquence d’une immigration de peuplement cautionnée depuis trente ans. Fillon, par le passé, s’est montré ouvert à des «adaptations» de la laïcité et a dit sa compréhension pour «l’islamisme modéré» . Copé semble vouloir s’en tenir à une position refusant l’emprise du communautarisme. Ce discours affole la xénophilie médiatique. Mais il est attendu. Affaiblissement moral
Reste le plus visible, le plus révoltant : la stupide et interminable guerre entre Copé et Fillon, incapables d’apaiser une tension interne alors qu’ils sont supposés apporter des solutions aux crises qui assaillent la France. L’état dans lequel ils ont mis l’UMP (Union pour la Machine à Perdre), au prétexte de satisfaire aussi des orgueils et des ego, permet de mettre en doute leur hauteur de vue, leur sens de l’intérêt général, leur profil d’hommes d’État. Il n’est pas digne d’un ancien premier ministre jusqu’alors pondéré, Fillon, de se prêter à tant de surenchères verbales et à de menaces procédurières contre son camp, en affirmant défendre l’impératif du rassemblement. Le monde politique exhibe sa part d’immaturité. Le spectacle ne peut qu’inciter la société civile à suppléer les défaillances d’un parti paralysé. Une place est à prendre.
Se confirme, plus généralement, l’affaiblissement moral d’une partie des élites. Beaucoup d’entre elles ne touchent plus terre. Leur comportement trop souvent égoïste et intéressé n’est plus respectable. Car la triche ne s’arrête pas aux scrutins des partis, à droite comme à gauche. Le «défaut de vigilance » s’infiltre jusque dans des organismes de référence. La Cour des comptes vient de révéler les magouilles salariales des dirigeants de Sciences Po Paris, institution donneuse de leçons s’il en est. Ceux-là se sont octroyé pour eux-mêmes des rémunérations exorbitantes. Il est piquant de retrouver le nom de Michel Pébereau, auteur d’un fameux rapport (2005) sur le redressement des finances publiques, parmi les responsables (bénévole pour sa part) de ces dérives financières. Borloo ou Le Pen ?
Faut-il croire Jean-Louis Borloo, président de l’UDI, quand il prétend incarner « le leadership » de l’opposition ? En réalité, le centrisme est devenu un refuge rassurant pour ceux qui ont baissé les bras devant la mondialisation. «Nous savons l’internationalisation irréversible » , explique Borloo en marquant son incompréhension pour les protections du peuple, de la nation, de ses frontières. Les personnalités se bousculent pour s’abriter dans ce cocon de la modération, avec ses bains d’eau tiède. François Hollande tente de l’investir, en faisant du pied à François Bayrou, qui lui-même fait de l’oeil à François Fillon, qui n’est pas jamais très loin d’Alain Juppé… La force d’opposition de Borloo est un tigre de papier.
En revanche, il n’est pas besoin de faire un dessin pour expliquer le profit que Marine Le Pen va tirer, dès les municipales de 2014, des déchirures de l’UMP dont elle avait prédit l’implosion après la défaite de Sarkozy. D’autant que le mécanisme ayant conduit à la diabolisation de son père et de ses idées, mis en place dans les années 1980 par François Mitterrand avec l’aide de SOS Racisme, vient d’être honnêtement décortiqué par Philippe Cohen et Pierre Péan, au fil d’une enquête qui fait notamment litière des accusations en fascisme du fondateur du FN ( Le Pen, une histoire française, Robert Laffont). Les maîtres censeurs, ces jours-ci, hurlent dans le vide devant ce livre. Dernier mot