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20 mars 2013 3 20 /03 /mars /2013 09:05
  • 20 mars 2013
  • Le Figaro
  • Philippe Dessertine

Pour le directeur de l’Institut de haute finance, le redressement des finances publiques françaises est un impératif, tant pour nos voisins que pour nos enfants.

Il n’est pas possible de passer d’un statut de locomotive européenne à celui d’un wagon de queue, risquant par ses pesanteurs de faire dérailler le convoi

 

La France est le premier problème de l’Europe.

 

 Deux chiffres, pour illustrer ce brutal constat ? En 2012, le déficit moyen de toute la zone euro (y compris la Grèce, l’Italie, l’Espagne) est de 3,2 %. Celui de la France : 4,5 %. Toujours en 2012, la balance des opérations courantes de la même zone euro est excédentaire de 173 milliards de dollars ; celle de la France est négative de 56 milliards. En clair, sans le poids mort français, la zone euro aurait un déficit moyen inférieur aux fameux 3 % du traité de Maastricht et serait le premier exportateur de la planète, devant la Chine. Cette situation est insupportable. La cinquième puissance économique mondiale ne peut accepter cette humiliation. Depuis la Seconde Guerre mondiale, la France a décidé que l’Europe unie était sa stratégie d’avenir, celle qui permettrait à ses enfants de ne pas connaître les tragédies guerrières de leurs aînés. Notre pays a porté haut l’idée de réconciliation, de paix et de croissance partagée, y compris quand parfois ses intérêts à court terme pouvaient en pâtir.

Il n’est pas possible de passer d’un statut de locomotive européenne à celui d’un wagon de queue, risquant par ses pesanteurs de faire dérailler le convoi. De ce point de vue, le déficit français est un scandale, pour nos voisins, autant que pour nos enfants. La défaillance d’un de ses leaders est dramatique pour un ensemble aussi fragile que la Communauté européenne. Le redressement des finances publiques françaises est un impératif pour lequel aucun atermoiement, aucune excuse ne peuvent être invoqués. Il y va de notre honneur, il y va de nos engagements vis-à-vis de l’histoire, si toutefois quelques leçons sont tirées de cette terrible crise qui n’en finit pas de secouer l’économie mondiale.

Pour l’heure, rien de tel ne se produit ; au contraire : les pays avancés rechargent la bombe avec application, préparant le retour de l’explosion prochaine, encore plus violente, encore plus destructrice que la précédente. En cette année 2013, comment est obtenue la croissance ? Par une politique dite « non conventionnelle » des grandes banques centrales : celles-ci maintiennent artificiellement les taux d’intérêt bas, ouvrant en grand les vannes de la dette ; et, comme cette action ne suffit pas, elles inondent le marché de liquidités, n’hésitant pas à racheter par exemple en quantité inouïe, les bons émis par les États européens, ou à refinancer à hauteur de plusieurs dizaines de milliards de dollars par mois (!) les garanties du système immobilier américain.

Entendons-nous bien, ces choix défiant le bon sens ont été l’unique solution à la disposition des autorités, quand, au plus fort de la spirale, la déchéance des systèmes bancaires ressemblait à l’effondrement d’un château de cartes. Ce qui était concevable en urgence ne l’est plus quand l’aberration se prolonge d’année en année. Qui peut estimer, à part à Washington, cette politique tenable sur le long terme ? Comment prétendre qu’imprimer de la monnaie, créer de la dette folle, permettra de réduire un chômage endémique ou rendra aux entreprises une compétitivité perdue ?

Ces mesures n’avaient d’autre finalité qu’acheter un peu de temps, permettre aux pays coupables de traiter leurs incohérences structurelles : réduire cette dette publique devenue incontrôlable, à l’origine de dysfonctionnements croissants pour l’économie mondiale.

Le sablier s’écoule, et certains, la France au premier rang, rechignent à mettre en oeuvre les réformes douloureuses découlant de décennies de déséquilibres. Un secteur public d’une ampleur colossale, associé à un modèle social au coût exorbitant, ce n’est plus tenable pour quiconque ; la France ne fait pas exception, quoi qu’elle en pense. La focalisation sur la seule pression fiscale est un mirage. L’augmentation des impôts en tous genres montre vite ses limites et surtout ses effets funestes en matière d’emploi ou de dynamisme entrepreneurial. Il est indispensable d’aller beaucoup plus loin dans la réduction des dépenses, et en conséquence de repenser de fond en comble le service public à la française, tout comme le fonctionnement des collectivités locales. Il est indispensable de lancer une réforme enfin ambitieuse des régimes de retraites, d’oser briser les tabous. Il est indispensable de se pencher vraiment sur la refonte du système de santé, dont le délitement est une catastrophe, la dilapidation d’un héritage exceptionnel.

Certes, le prix sera lourd, mais ne parlons pas de choix ou d’alternative. Avec un budget primaire (sans exercice de la dette) excédentaire à 2 %, ce dont nous sommes si loin aujourd’hui, il faudra presque vingt ans pour retrouver un niveau d’endettement de la France équivalent à celui d’avant la crise.

La volonté politique doit s’inscrire avec courage dans cet objectif incontournable, faire sienne la maxime de Léonard : « Ne pas prévoir, c’est déjà gémir. »

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Published by voxpop - dans La France en résistance

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