- 1 mars 2013
- Le Figaro
- par Yves Thréard ythreard@lefigaro.fr
Pour complaire à leurs turbulents alliés du Front de gauche, les députés socialistes iront-ils jusqu’à voter l’amnistie des syndicalistes casseurs condamnés en justice ? Les sénateurs viennent de le faire d’une courte majorité. Cette loi scélérate - l’expression n’est pas trop forte - est défendue avec un acharnement revanchard par Jean-Luc Mélenchon : pendant la campagne, il avait arraché cette promesse à François Hollande, dont il ne cesse aujourd’hui de dénoncer la politique. Quant à Christiane Taubira, elle approuve l’initiative puisqu’il s’agit ici, affirme-t-elle, « de faire oeuvre de justice » . Au moins ces deux-là sont-ils logiques avec eux-mêmes ! Le premier vomit les patrons et le capitalisme à longueur de discours. La seconde tient la prison en horreur et semble préférer les délinquants aux victimes. Mais les autres, que disent-ils ? Sur les bancs de la droite, on entend peu de voix pour déclarer que pareille loi serait une insulte à la justice, un appel à l’anarchie, une gifle administrée aux entrepreneurs, une porte claquée à la figure des investisseurs. Les députés socialistes, de leur côté, jouent, comme d’habitude, une partition aussi illisible qu’empreinte de lâcheté. Et si, se demandent beaucoup, cette faveur était un moyen de calmer les plus mécontents de la gauche ? Les socialistes, qui n’ont à la bouche que les mots d’égalité et de justice, leur ont déjà concédé la suppression du jour de carence non payé dans la fonction publique. Sont-ils prêts maintenant à piétiner leurs valeurs cardinales pour tenter d’obtenir la paix ? Ils en seraient mal récompensés, risquant de ne récolter que le déshonneur et la guerre. Tant que leur politique restera ce qu’elle est, les fermetures d’usines et les conflits sociaux ne vont faire que se multiplier. Arnaud Montebourg, tel un pompier sans eau, n’a pas fini de courir d’un incendie à l’autre. Cette loi ne doit être adoptée à aucun prix. Mais si elle l’est, sa constitutionnalité devra être contestée. Pour rupture de l’égalité des justiciables devant la loi.