Le cortège a rassemblé samedi plus de 100 000 personnes, loin du chiffre officiel de 70 000.
MANIFESTATION A-t-on voulu cacher l’ampleur du défilé anti-mariage gay, le 17 novembre, à Paris ? Alors que la Préfecture de police annonce 70 000 manifestants, Le Figaro est en mesure de révéler que les autorités ont manifestement sous-estimé la mobilisation. « Les ex-RG ont été surpris par l’ampleur du mouvement, confie un syndicaliste policier, dans les réunions préparatoires qui se sont tenues les jours précédents, les services d’ordre public avaient été avisés que les manifestants ne dépasseraient pas les 20 000 à Paris. » Les hommes du renseignement tablaient essentiellement sur le déploiement des organisations catholiques intégristes ou assimilées. Mais le mouvement dépassait de loin les prévisions.
La police a-t-elle arrêté les compteurs prématurément ? Si l’on applique sa méthode de calcul, le compte n’y est pas. Ses services ont pour habitude de placer des agents en deux points du cortège. Ils comptent les lignes de manifestants qui passent, en retenant comme base un manifestant par mètre carré (contre 1,5 traditionnellement, du côté des organisateurs). La police ne tient pas compte des personnes sur les trottoirs et son chiffre est donc une estimation toujours basse.
Mais voilà : ce jour-là, le boulevard Raspail est noir de monde de Denfert à Montparnasse. Toutes les photos des agences de presse disponibles en attestent. Les trottoirs sont bondés également tout du long. De bout en bout, ce cortège très dense s’étend sur près d’un kilomètre. Ce qui représenterait déjà 50 000 personnes environ.
Familles et militants
Quand la tête du cortège commence à tourner vers la gauche au niveau du métro Vavin, la place Denfert-Rochereau, 900 mètres derrière, dégorge encore de familles et de militants. Ce qui représenterait au moins autant de monde encore. Le total de 100 000 manifestants aurait donc été dépassé. Et il y avait quasiment la même densité de monde, de part et d’autre des larges trottoirs du boulevard Raspail. Soit des milliers de manifestants en plus.
La Préfecture maintiendra-t-elle ses estimations ? Une chose est certaine : l’écart entre ses prévisions initiales et la réalité du terrain fut une surprise de taille. Régulièrement, le principe d’une réforme du mode de comptage officiel est acté, avant que le projet ne finisse dans les limbes.