"Dévasté par le remords", l'ancien ministre du Budget, qui a publiquement nié détenir un compte à l'étranger pendant plusieurs mois, demande pardon pour "une faute inqualifiable".
Jérôme Cahuzac a démissionné de ses fonctions le 19 mars en raison de cette affaire, révélée par Mediapart. L'ancien ministre était soupçonné d'être toujours titulaire dans une banque à Singapour d'un compte affichant un solde de plus de 500 000 euros, ouvert dans une succursale de l'établissement suisse Reyl et Cie, après avoir fermé un premier compte chez UBS en Suisse à la fin des années 2000.
Une information judiciaire contre X visant l'ancien ministre a été ouverte pour blanchiment de fraude fiscale, mais aussi perception par un membre d'une profession médicale d'avantages procurés par une entreprise dont les services ou les produits sont pris en charge par la sécurité sociale, blanchiment et recel de ce délit. Deux magistrats du pôle financier du tribunal de grande instance de Paris, Roger Le Loire, doyen du pôle financier, et Renaud Van Ruymbeke, ont été désignés le 20 mars pour enquêter sur cette affaire.
Quelques instants avant sa mise en examen pour blanchiment de fraude fiscale, mardi 2 avril, l'ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac a reconnu sur son blog avoir détenu un compte bancaire à l'étranger. Voici l'intégralité du texte :
"Par lettre du 26 mars 2013, j’ai demandé à Messieurs les juges d’instruction Roger Le Loire et Renaud Van Ruymbeke de bien vouloir me recevoir afin que, délivré des obligations de ma fonction, je puisse enfin donner les explications qui s’imposent au regard de la détention à l’étranger d’un compte bancaire dont je suis le bénéficiaire depuis une vingtaine d’années.
J’ai rencontré les deux juges aujourd’hui. Je leur ai confirmé l’existence de ce compte et je les ai informés de ce que j’avais d’ores et déjà donné les instructions nécessaires pour que l’intégralité des actifs déposés sur ce compte, qui n’a pas été abondé depuis une douzaine d’années, soit environ 600 000 €, soient rapatriés sur mon compte bancaire à Paris.
A Monsieur le Président de la République, au Premier Ministre, à mes anciens collègues du gouvernement, je demande pardon du dommage que je leur ai causé. A mes collègues parlementaires, à mes électeurs, aux Françaises et aux Français j’exprime mes sincères et plus profonds regrets. Je pense aussi à mes collaborateurs, à mes amis et à ma famille que j’ai tant déçus.
J’ai mené une lutte intérieure taraudante pour tenter de résoudre le conflit entre le devoir de vérité auquel j’ai manqué et le souci de remplir les missions qui m’ont été confiées et notamment la dernière que je n’ai pu mener à bien. J’ai été pris dans une spirale du mensonge et m’y suis fourvoyé. Je suis dévasté par le remords.
Penser que je pourrais éviter d’affronter un passé que je voulais considérer comme révolu était une faute inqualifiable. J’affronterai désormais cette réalité en toute transparence."