Monseigneur Jacquin : les Femen "devront payer la cloche Denis" PARIS - Le recteur et archiprêtre de Notre-Dame réagit ce mercredi après l'irruption de huit militantes Femen dénudées la veille dans la cathédrale Notre-Dame. Patrick Jacquin déplore notamment les réactions tardives des politiques et demande que les Femen paient les dégradations causées sur l'une des nouvelles cloches de la cathédrale. Interview. > Pouvez-vous nous raconter comment les Femen ont fait irruption dans la cathédrale Notre-Dame de Paris ce mardi? > Il était environ 11 heures du matin. J'étais dans le presbytère quand on m'a appelé pour me dire qu'il y avait du bazar dans la cathédrale. En arrivant, j'ai vu ces huit femmes toutes nues à partir de la ceinture. Elles se sont alors mises à pousser des hurlements, de grands cris, devant les milliers de visi
> teurs dont de nombreux enfants. Elles sont ensuite montées sur les podiums de trois de nos nouvelles cloches exposées jusqu'à fin février dans la nef de la cathédrale. Elles s'en sont pris à une en particulier, la cloche baptisée "Denis", et l'ont esquintée à trois reprises. La feuille d'or de cette cloche est tombée. C'est une profanation et il va falloir qu'on la restaure avant qu'elle ne monte avec les autres là-haut. > Comment qualifiez-vous cette action ? > C'est une action scandaleuse et d'une violence inouïe. Les fidèles et les visiteurs étaient tellement choqués qu'ils voulaient eux-mêmes s'en prendre à ces femmes. Nos surveillants, à qui je rends hommage, se sont interposés pour protéger dans un premier temps ces militantes nues. Sans eux, elles étaient livrées aux coups des gens. > Les huit militantes ont été sorties manu militari. Se sont-elles laissées faire ? > Pas du tout. Nos cinq surveillants les ont en effet conduites dehors, avant d'être rejoin
> ts par la police sur le parvis de Notre-Dame. Les forces de l'ordre ont procédé alors à leur interpellation. Mais avant cela, il y a eu des échanges de coups. Un de nos surveillants a eu l'épaule démontée, un autre a fait un malaise après avoir été frappé. > Quelques heures après cette action, vous avez décidé de porter plainte...> Effectivement, nous nous sommes rendus mardi après-midi au commissariat du 4e arrondissement pour déposer plusieurs plaintes : une pour "trouble de l'espace cultuel", une autre pour "profanation" et une troisième pour "coups et blessures" sur les gens et les surveillants. > Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls et le maire de Paris, Bertrand Delanoë, ont dénoncé ces actes mardi soir. Selon vous, très tard...> J'ai trouvé scandaleux qu'à 20 heures, soit neuf heures après les faits, il n'y ait aucune réaction ou condamnation ni de l'Etat, ni de la mairie de Paris. J'ai du intervenir sur plusieurs médias mardi soir et y exprimer ma colè
> re et ma stupéfaction avant qu'il ne se passe quelque chose... Si cela c'était passé chez nos frères musulmans ou juifs, le retentissement médiatique et politique aurait été beaucoup plus important et imminent. Pour moi c'est évident, les réactions ne se seraient pas faites attendre et la France entière aurait été couverte d'informations à peine quelques minutes après les faits. C'est intolérable ! L'émotion de gens qui sont troublés n'a pas la même intensité suivant les endroits où ça se passe. Pour le politique en tous cas. Je le regrette. > Depuis cette irruption des Femen, la sécurité a-t-elle été renforcée à Notre-Dame de Paris? > Non. Comme tous les jours, il y a cinq surveillants, des caméras, et une voiture de police sur le parvis. > Quelles sanctions attendez-vous à l'encontre des Femen? > Dans un premier temps, j'espère qu'elles seront condamnées. Ensuite, j'espère qu'elles participeront à la restauration de notre cloche Denis en contribuant financière
> ment aux réparations nécessaires. >