L' accélération du calendrier est appréciée diversement au sein de l'armée. C'est «un soulagement» pour la troupe, assure l’officier de réserve. «Cela fait belle lurette qu’on ne mène plus d’action offensive et que nos soldats sont retranchés dans leurs casernes. Notre présence, c’était devenu de l’affichage.» Un observateur parle«d'un peu d’amertume. Depuis que nos soldats se sont vus imposer des mesures de sécurité renforcées, les progrès enregistrés sur le terrain sont battus en brèche.» Un jugement tempéré par l’état-major des armées à Paris: «Là où nous sommes présents, la sécurité s’est améliorée, et la population vit mieux.» Mais pour combien de temps? Que se passera-t-il lorsque la sécurité de la province de Kapisa aura été transférée totalement à l’armée afghane?
Autre écueil pour les troupes : la crise morale de fin de mission.«Depuis des mois, l’armée de terre vit sous forte pression, note l’ancien directeur de l’Ecole de guerre, Vincent Desportes. Il y a eu la Côte d’Ivoire, la Libye, nos Casques bleus au Liban…Tous les régiments ont tourné dans les missions et se sont intensivement entraînés avant leur déploiement sur le terrain.» De retour à la maison, les soldats vont retrouver la routine de la vie de caserne. Qui plus est avec de sombres perspectives. Du fait du prix du carburant, les budgets consacrés aux entraînement ont été réduits. «Le nouveau pouvoir veut recruter 12 000 personnes pour renforcer la police et la gendarmerie, et 60 000 dans l’Education nationale. Il va bien falloir réduire les effectifs ailleurs, redoute déjà un officier supérieur. Or .nous ne pouvons pas arrêter de recruter, sinon nous sommes morts Nos soldats doivent être jeunes.» «Nos troupes vont quitter l’Afghanistan avec un certain goût d’inachevé et avec pour seule récompense une probable diminution de moyens», résume un expert.