Les Français entendent redevenir maîtres de leur histoire. Rien ne dit qu’elle ressemblera,
C’est une grogne que Sarkozy doit vaincre. Mais il est porté par le courant d’une société qui se droitise. C’est pourquoi sa victoire reste à portée de main. L’instrumentalisation par la gauche de la mauvaise humeur ambiante a pour objectif de faire replonger la France dans l’univers d’où elle doit s’extraire : celui des corporatismes, des aveuglements, des gardeschiourmes idéologiques. La victoire de Hollande serait celle de la CGT, du Syndicat de la magistrature, de Jean-luc Mélenchon, qui ont appelé à battre Sarkozy. Elle serait celle des oligarchies syndicale et médiatique. Elle serait la victoire de la gauche doctrinaire et passéiste, qui refuse la révolution imposée par le XXIE siècle.
Pour les citoyens oubliés, il y aurait une incohérence à laisser passer Hollande, gardien du système qui les a exclus. Il n’a pas fait l’effort d’adapter son programme et ses idées au monde qui vient, bouleversé par la mondialisation. Son acceptation de l’immigration légale est à comparer avec l’aveu de Sarkozy admettant qu’il y a « trop » d’immigrés en France. Sa reconnaissance d’un droit de vote aux étrangers extra-européens aux élections locales illustre la perte de substance de la citoyenneté et de la nation aux yeux d’une gauche éduquée dans le sans-frontiérisme et la xénophilie. Même son ode à la croissance emprunte aux vieilles recettes colbertistes qui sont rejetées par une économie européenne sommée de se désendetter.
Exaspérés contre ceux qui parlent en leur nom, les électeurs pourraient n’en faire qu’à leur tête, comme au premier tour quand ils ont mis Marine Le Pen sur orbite. Le succès du 1er Mai organisé par L’UMP au Trocadéro (200000 personnes selon elle) est le signe d’une mobilisation contre les « insulteurs » , ce terme emprunté par Sarkozy au discours que tint le général de Gaulle, le 1er Mai 1950, sur la pelouse de Bagatelle, lors d’une semblable contre-manifestation qui voulait, déjà, dénoncer la politisation de la CGT.
L’échec de Sarkozy serait sablé par la présidente du FN, qui a fait savoir mardi qu’elle voterait blanc et ne fait pas mystère de son désir de recomposer la droite. La victoire de Hollande serait donc la sienne. Il est encore possible d’éviter cette absurdité.
Avec Hollande… La France a trop perdu de temps pour se permettre, avec Hollande à la présidence, un retour en arrière sur les questions économiques et sociales et une fuite en avant sur les questions sociétales et identitaires. Ses assauts bravaches contre la finance lui promettent, à peine élu, une réplique des créanciers et des prêteurs dont le pays tout entier serait la victime. Son engagement irréaliste à préserver l’héritage du Conseil national de la Résistance retarderait la mise en place d’un nouveau modèle social tenant compte de l’environnement créé par les crises successives. Son renoncement à résister à la déculturation, au coeur du malaise existentiel, promettrait l’aggravation du sentiment d’abandon chez les classes moyennes et de belles années pour le populisme. Son attachement au politiquement correct serait un encouragement pour les médias à garder leurs oeillières et muselières.
Une victoire socialiste signifierait celle du journalisme manichéen, qui a multiplié les sous-entendus visqueux associant continûment le président au monde de l’argent et de la finance et qui rêve de faire taire les pensées dissidentes. Elle serait celle du syndicalisme enseignant qui est lié à la gauche. Or ce corporatisme, promoteur d’un égalitarisme et d’un relativisme abrutissant, a miné l’enseignement avec la passivité des gouvernements. Une jeune enseignante, Véronique Bouzou, rappelle* l’état catastrophique de l’école. Elle ne sait plus transmettre l’identité française et européenne, ni même parfois sa propre langue, tandis que « les agressions physiques, incivilités, injures, menaces et autres intimidations sont devenues le quotidien de bon nombre d’enseignants » . Il est encore possible d’éviter cette régression.
Le ministre de la Défense, dans un entretien à Minute, constate que le recentrage de Marine Le Pen et sa victoire au premier tour en font un « interlocuteur » . Il est en effet stupide de vouloir ignorer 6,4 millions d’électeurs.