Le 21 septembre 2013
En Syrie, la situation est pire encore. Même pas la peine de se renseigner auprès de discrètes sources diplomatiques, tout est dans la presse. Ainsi, des desperados venus du monde entier, Européens et Américains convertis, Arabes et Tchétchènes, sans même compter des Chinois, viennent grossir les rangs des rebelles au régime de Damas. Soit, tel que le rappelait Dominique Jamet ce vendredi dernier, 150.000 dingues naviguant entre grand banditisme et islam halluciné.
Et c’est le moment que choisit François Hollande pour annoncer officiellement qu’il va, dans un « cadre contrôlé », armer les rebelles syriens. Lesquels ? Les 15 % de « démocrates », bien sûr ! Et comment faire le tri entre ivraie et bon grain ? Personne ne le sait, et surtout pas lui. Et surtout pas nous qui, ayant fermé nos ambassades et consulats en Syrie, sommes désormais aveugles et sourds, les seuls renseignements nous parvenant encore étant issus des officines d’autres nations, pas forcément bienveillantes…
Plus dramatique encore, François Hollande se voit en chef de guerre au moment même où toutes les grandes puissances paraissent recouvrer leurs esprits. La Maison-Blanche est en retrait. La Turquie n’est pas loin de la marche arrière, qui après avoir hâtivement volé au secours de l’Armée syrienne libre, est en train de se rendre compte qu’elle n’avait pas forcément les moyens de mener à bien sa stratégie néo-ottomane, soit la reconquête des espaces d’influence d’antan. Ce d’autant plus que le président syrien Bachar el-Assad lui a fait savoir : « Continuez avec vos islamistes, et je vous lâche mes Kurdes… » Résultat ? Pour cause de combats entres soldats de l’ASL et mercenaires islamistes, la frontière a été fermée entre Syrie et Turquie. Ce qui signifie que Recep Erdoğan doit désormais en rabattre quant à ses ambitions premières.
Du coup, qui se trouve être à même de tirer les marrons du feu ? La Russie au premier chef. Mais, pas loin derrière, l’Iran, son traditionnel allié, qui dispute à Ankara le leadership régional.
Tel qu’on le dit chez les chrétiens ou les musulmans, « la patience est d’essence divine, tandis que la précipitation est diabolique ». Ici, force est de constater que la Turquie a été plus vite que la musique, alors que l’Iran prend son temps. Et a fini par faire admettre au reste du monde que s’il faisait partie du problème syrien, il en était aussi l’incontournable élément d’une solution à long terme. D’où cette actuelle offensive tout azimut de Téhéran, en train de porter ses premiers fruits, et sur laquelle nous aurons tôt fait de revenir.
En attendant, tant de choses se passent et se bousculent qu’il est parfaitement navrant que notre Président en soit arrivé à les regarder passer, telle une vache le ferait d’un train.