Le 15 septembre 2013
La déception est grande en Arabie séoudite et au Qatar. Benjamin Netanyahou commence à se demander s’il pourra vraiment compter, le moment venu, sur Barack Obama pour réduire en poudre l’Iran. Un nommé Selim Idriss, général de brigade syrien qui, en juillet 2012, sentant le vent tourner, a viré sa cuti, déserté son pays et pris du galon en tant que chef d’État-major de l’Armée syrienne libre, a exprimé sa réprobation, et le ministre des Affaires étrangères français, tout en saluant poliment « l’avancée » faite sans lui, n’a pas caché son regret de devoir remettre son épée au fourreau. Mais rien n’atteint le niveau du désappointement constaté au palais de l’Élysée. Déjà, le lieutenant-colonel Hollande y avait fait son paquetage, endossé le treillis repassé de frais par sa compagne qui, ne dormant plus depuis le 21 août dernier, a du temps de reste pour ses tâches ménagères, et enroulé ses bandes molletières.
Les uns et les autres doivent pourtant s’incliner devant l’évidence. Nous n’irons pas donner le coup de main décisif aux djihadistes et autres coupeurs de têtes qui aspirent à faire flotter le drapeau noir sur la marmite proche-orientale. Nous ne « punirons » pas le dictateur en vertu des pouvoirs que nous nous sommes conférés et des droits que nous nous sommes arrogés. Nous n’aurons pas l’occasion de prouver une fois de plus la précision des frappes chirurgicales qui ne font que par erreur des dommages collatéraux. Apocalypse, c’est pas Now. Les chiens de guerre, pour cette fois, devront rester à la niche.
Le dossier syrien devenait vraiment trop explosif pour être abandonné aux boutefeux des deux camps qui s’affrontent plus ou moins ouvertement, par combattants interposés. Il n’était que temps que les gens sérieux réfrènent leurs ardeurs et trouvent un terrain d’entente. La solution trouvée à Genève par Serguei Lavrov et John Kerry est un compromis raisonnable à mi-chemin de l’intransigeance affichée jusqu’alors par Bachar el Assad et ses protecteurs, d’une part, et le jusqu’auboutisme de Paris, de Ryad et, dans une moindre mesure, de Washington. Damas s’est engagée à soumettre son arsenal chimique à l’inspection et au contrôle de l’ONU, préalables à son démantèlement, en échange de quoi les États-Unis renoncent à leur projet de bombardements ciblés. Mais quelle garantie le régime syrien offre-t-il de sa sincérité, dira-t-on ? Le point fort de l’accord est que de son application ou de sa non-application dépendent le prestige et la crédibilité de Vladimir Poutine, et non de Bachar el Assad. Ce n’est pas la Syrie, mais bel et bien le président russe, brillamment revenu dans le jeu, et son pays, qui seraient discrédités par la non-exécution du dispositif convenu.
Reste à calmer les susceptibilités du caniche britannique et surtout du toutou français, qui frétille de la queue, jappe d’impatience et s’afflige d’être traité avec tant de condescendance et si peu d’égards par son maître. Ce sera chose faite dès aujourd’hui, puisque John Kerry prendra la peine de commenter et d’expliquer à l’usage de David Cameron et de François Hollande les termes de l’accord qui s’est conclu sans eux. Notre bonne volonté débordante valait bien ce susucre.