Il ne faut pas seulement entendre Samia Ghali. Mais répondre vite à son appel au secours. La sénatrice socialiste de Marseille demande l’intervention de l’armée pour lutter contre le trafic de drogue dans la Cité phocéenne. Une ville mise en coupe réglée par les mafias, où les règlements de comptes à la kalachnikov se multiplient en pleine rue, où le commerce de stupéfiants devient le premier employeur des jeunes. Samia Ghali a, au moins, le courage de briser la loi du silence. Oui, « il faut que les vérités soient dites » , pour reprendre son expression. Et elle a raison de lancer un gros pavé dans la mare de ses camarades socialistes, aujourd’hui au pouvoir. Son discours doit résonner comme une provocation aux oreilles de Christiane Taubira, favorable à la suppression des courtes peines de prison, et des élus de gauche partisans de la dépénalisation du cannabis. Samia Ghali, elle, voit la réalité. Elle en constate tous les jours les dégâts comme maire d’arrondissement et n’a pas le temps de se perdre dans de confuses théories. Sans doute sait-elle que le recours à des militaires en pareille circonstance paraît difficilement concevable. Mais son appel a la force du symbole. Il revient à demander que tous les moyens soient mis en oeuvre pour déclarer la guerre aux trafiquants. Une politique de tolérance zéro qui, en d’autres lieux, s’est déjà révélée efficace. Dans le métro de New York notamment. C’est une question de volonté autant que de pragmatisme. On a trop longtemps fait de Marseille, ville de tous les fantasmes, une exception française. Comme si la délinquance y était une fatalité. Nombre d’élus, de droite et de gauche, ont tort de traiter Samia Ghali d’irresponsable. Les Marseillais qui vivent la peur au ventre attendent d’eux qu’ils prennent enfin la mesure du fléau. Les propos de la sénatrice PS ayant eu l’effet d’une déflagration, Jean-Marc Ayrault s’est senti obligé de convoquer une réunion ministérielle la semaine prochaine. En sortira-t-il pour une fois autre chose que de belles paroles ? Il faut le souhaiter pour Marseille, et pour la France.