Oui, le président cache la vérité aux Français. En augmentant le smic et en revenant pour certains à la retraite à 60 ans, il trompe ceux qui pensent que les patrons et les riches paieront encore. C’est d’ailleurs ce que soutient Martine Aubry, première secrétaire du PS, qui estime qu’ilyad’ «énormes marges de manoeuvre en faisant rentrer des impôts complémentaires» . Si la gauche veut accélérer la fuite des contribuables, il lui suffit de continuer à parler de la sorte. Son refus d’entendre les multiples mises en garde l’enferme dans son dogmatisme. Le dernier rapport en date, de l’inspection générale des finances, assure que l’état, contraint à 5 milliards d’euros d’économies par an, doit baisser le nombre des fonctionnaires, geler les salaires, réduire des prestations sociales. Cette diète est déjà celle des pays submergés par leurs dettes. Il n’y aura pas d’exception française. Ce recours réitéré au déni des faits est la pire des réponses pour la France en déclin. Cela fait trente ans que le pays, mené par la droite et par la gauche, avance les yeux bandés. Or, l’impératif d’adaptation au XXIe siècle oblige à en finir avec la lâcheté politique qui laisse entendre que les citoyens seraient incapables d’admettre des évidences, d’autant qu’ils les constatent le plus souvent eux-mêmes. Le flou qui entoure depuis un mois les intentions du pouvoir est une tactique de maquignon. Sans doute endort-elle des électeurs sensibles aux images d’un chef de l’État surjouant la simplicité et l’anti-bling-bling (il a confié au photographe des gens anonymes, Raymond Depardon, sa photo officielle). Mais cette communication sur l’accessoire dissimule un désarroi sur l’essentiel.
L’intégrisme socialiste est un luxe que la France, économiquement vulnérable, ne peut se permettre sans aggraver son état. À l’évidence, cette seule réponse ne peut plus convenir à la complexité des situations. Elles demandent aussi d’être libéral ici, conservateur là. Il ne suffit pas à Hollande de dire « Je le veux ! » pour que la magie opère. Les murs contre lesquels il se heurte avec Angela Merkel et plus spectaculairement avec Vladimir Poutine ne sont qu’un aperçu de ce qui attend ce faux modeste, qui partage avec Nicolas Sarkozy l’art de se faire mousser. La France est en attente d’une doctrine moderne capable de la sortir de l’ornière. La droite divisée, qui s’apprête à perdre les législatives, sera-t-elle un jour à la hauteur de l’enjeu ? Elle a cinq ans pour se préparer. Tête dans le sable
Tandis que Jean-Marc Ayrault vante sa « méthode », il en est une que le gouvernement a reprise à son compte sans attendre les « concertations » et autres « expertises » promises : celle de l’autruche, tête dans le sable. Débordant de la seule sphère économique, elle est appelée à poursuivre, avec la gauche, un bel avenir. C’est ainsi que le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, pourtant réputé parmi les plus réalistes, vient d’abroger la « circulaire Guéant » sur les étudiants étrangers : un texte qui entendait lutter contre l’une des principales filières d’immigration, en restreignant les possibilités pour les diplômés d’exercer leurs compétences en France. Il envisage également, notamment sous la pression des associations antiracistes, d’encadrer les contrôles d’identité effectués par les policiers, soupçonnés du coup de comportements discriminatoires contre les minorités ethniques les plus fréquemment mêlées, de fait, à des actes de délinquance. Rien n’est évidemment plus simple que de refuser de s’interroger sur la maîtrise des flux extra-européens et sur les sources des insécurités. Valls se laissera-t-il aller à cette commodité ? Il en prend le chemin.
Le redire : la cécité des dirigeants et la désinformation des médias sur les phénomènes migratoires de peuplement de ces trente dernières années ont contribué à déséquilibrer la nation, son identité, sa cohésion. Entendre Jean-Luc Mélenchon expliquer : « Il n’y a pas d’avenir pour la France sans les Arabes et les Berbères du Maghreb » donne une idée de la débandade qui sévit à gauche. L’autre jour, à Villeurbanne (Rhône), trois jeunes Juifs portant la kippa ont été attaqués au marteau et à la barre de fer par des jeunes d’origine maghrébine. Depuis la mort de Mohamed Merah, assassin de sept personnes dont trois enfants juifs, 140 actes antijuifs ont été dénombrés dans les cités. Pour certains, Merah est un héros. Le député (UMP) Jacques Myard a été accueilli sur un marché de Sartrouville (Yvelines) par un jeune : « Vous n’avez rien à faire ici, c’est une terre arabe, c’est une terre appartenant aux musulmans, ce n’est pas une terre française » (voir mon blog). Ne pas compter sur le PS, soucieux de ne pas irriter la susceptibilité des cités, pour résister à l’intolérance des radicaux. La France épuisée de 2017
Le déclin français ne peut que s’accélérer, sous les effets conjugués d’une politique économique irréfléchie, d’un laxisme sécuritaire et d’un mépris pour la préservation de l’homogénéité culturelle. Si la droite devait échouer, au cours de son éloignement forcé, dans sa réconciliation avec un électorat qui lui a fait défaut, alors Marine Le Pen aura probablement ses chances, dans la France épuisée de 2017. blog.lefigaro.fr/rioufol