Cette mosquée qui, rappelons-le, s’appelle Balat-al-Chouhada (mosquée Pavé des martyrs) en référence à la bataille de Poitiers. Vous aviez fait référence à cette bataille à l’époque et cela vous avait été reproché. Comment expliquez-vous cette dichotomie ?
Pour le tribunal de Poitiers, la simple référence à la victoire de Charles Martel constituait une « provocation à la haine » de notre part. Or, le véritable nom de cette mosquée (Pavé des martyrs) témoigne lui-même d’un esprit de revanche évident car, contrairement aux Européens amnésiques, les musulmans cultivent la longue mémoire. Malheureusement, ce qui est permis, encouragé et valorisé pour les étrangers est interdit ou censuré pour les Français. Seul l’Autre peut revendiquer la fierté de ses origines et de son histoire. Pour nous, elle est forcément synonyme de scandale. Pourtant, la « provocation » consiste davantage à humilier notre peuple avec un tel édifice qu’à proclamer le droit à vivre sur notre terre selon notre identité.