Faut pas rêver. A son âge on ne peut changer
Il aura donc fallu peu de temps pour que la présidence normale devienne franchement étrange. Personne n’a souvenir d’un premier ministre invitant la première dame de France à la discrétion. Personne n’a souvenir non plus d’un règlement de comptes sentimentalo-politique au sommet de l’état exposé aussi volontairement et abruptement sur la place publique. À qui la faute ? À Valérie Trierweiler, bien sûr, mais à François Hollande d’abord. Sans abuser de son autorité, il lui était facile de recommander fermement à sa compagne un minimum de retenue à partir du jour où lui et elle sont entrés à l’élysée. L’un et l’autre ne s’appartiennent plus tout à fait puisqu’ils représentent désormais la France. Dès lors, la décence et le bon sens commandaient de remiser les amertumes amoureuses et les jalousies diverses, qui n’intéressent que les personnes concernées, c’est-à-dire peu de monde. Le chef de l’état n’a pas su imposer cet élémentaire code de bonne conduite à sa compagne. Inévitablement, « l’affaire Trierweiler » ternit l’image du président, qui reprochait à son prédécesseur d’étaler sa vie privée au grand jour. De ce point de vue, le fameux tweet de la première dame de France aura probablement des conséquences politiques, ne serait-ce que sur l’image du président. Valérie Trierweiler - et c’est un comble - va alimenter les commentaires sur le défaut réel ou supposé de son compagnon, à savoir son manque d’autorité. Certains diront que l’humilité ne doit pas conduire à la faiblesse. Or c’est apparemment cette humilité qui a fait le succès du candidat socialiste lors de la campagne présidentielle. François Hollande va donc devoir sortir de lui-même et, peut-être, jouer contre nature. L’homme éternellement conciliant est contraint de prouver qu’il peut tonner, trancher, sanctionner, quitte à paraître injuste. François Mitterrand, son modèle, savait le faire. Mais il est vrai que le premier président socialiste de la Ve République n’a jamais considéré que ce métier était un métier normal. Il serait bon que François Hollande s’en rende compte rapidement.