Nani Beccalli, à la tête des activités européennes du géant américain, met en garde contre les signaux négatifs que la France envoie aujourd’hui aux investisseurs étrangers.
LES INVESTISSEURS RECHERCHENT UN ENVIRONNEMENT POSITIF, SINON C’EST LE CAPITAL QUI S’ENFUIT. LA FRANCE N’EST PAS UNE ÎLE
Votre pays a des réformes à mener pour être plus compétitif. notamment concernant son marché du travail et son système de retraites NANI BECCALLI, RESPONSABLE DES ACTIVITÉS DE GE EN EUROPE
General Electric est un géant. Le conglomérat américain, qui emploie 300 000 personnes dans le monde et pèse plus de 230 milliards de dollars en Bourse, est un des plus grands industriels de la planète dans ses principaux métiers (énergie, aviation et transports, santé, finance…). Le groupe a publié vendredi un bénéfice net trimestriel de 3,5 milliards de dollars (+8,3 %). LE FIGARO. - General Electric est un géant mondial, très présent en Europe et dans de nombreux métiers.
;......... Dans cette carte d’Europe que vous venez de dessiner, où placez-vous la France ?
Pour être honnête, la France m’inquiète un peu. Depuis la transition politique, votre pays envoie des signaux qui n’encouragent pas l’investissement, et qui, vu de l’étranger, n’en font pas le pays où il faut être. Si j’avais une recommandation à faire, ce serait que la France fasse très attention aux messages qu’elle est en train de faire passer, au sentiment général qu’elle est en train de créer à son sujet. Bien sûr, il ne s’agit parfois que de grands titres dont les médias étrangers se font l’écho allègrement. Mais la façon dont sont abordés des sujets comme le travail, la retraite, les revenus individuels, créent de l’inquiétude. Les investisseurs, qu’ils soient financiers ou industriels, recherchent un environnement positif, sinon c’est le capital qui s’enfuit. La France n’est pas une île. Cela a-t-il des conséquences pour GE en France ? La France est notre deuxième pays en Europe. Nous y employons 11 000 personnes, dont 7 500 environ dans nos huit usines. Nous exportons, selon nos métiers, 70 à 95 % de notre production. Nous y avons notre plus grande jointventure dans le monde, celle formée avec Snecma. Belfort est notre deuxième site industriel dans le monde pour la fabrication de turbines. GE a fortement investi ici, avec le rachat de Converteam l’an dernier, et de nouveau à Belfort cette année, avec l’aide de la région, d’ailleurs. Nous n’avons nullement l’intention de remettre en cause tout cela, mais l’environnement actuel nous rend très prudents pour nos futurs investissements en France. Nous serons attentifs aux décisions qui seront prises, aux réformes qui seront mises en place. Que pensez-vous du débat actuel sur la compétitivité ? La France a des réformes à mener pour être plus compétitive, notamment concernant son marché du travail et son système de retraites. ;....