Ce gouvernement comptait déjà un grand imprécateur, Arnaud Montebourg, voilà qu’apparaît un grand inquisiteur. Il a pour nom Vincent Peillon, ministre de l’Éducation nationale, qui installe tranquillement les gros canons de la « morale laïque » contre les établissements catholiques. De quoi se sont-ils rendus coupables pour mériter une telle campagne d’intimidation ? D’avoir simplement rappelé, par la voix du secrétaire général de l’enseignement catholique Éric de Labarre, que l’Église est hostile au projet de loi sur le mariage homosexuel et qu’un sujet aussi fondamental mérite bien un débat. Rien de plus, rien de moins. Pour paralyser de frayeur l’adversaire, Vincent Peillon utilise un argument qui confine au terrorisme intellectuel. Si on le comprend bien, critiquer le « mariage pour tous » revient ipso facto à faire le lit de l’homophobie. Or, l’homophobie est un délit. Qui veut débattre du mariage homosexuel est donc un délinquant en puissance. CQFD. Et qu’importe si les organisateurs du mouvement se défendent à juste titre de toute homophobie et se désolidarisent ostensiblement de ceux, très minoritaires, qui ici ou là se répandent en propos délétères sur les homosexuels ! Si Vincent Peillon voulait jeter dans la rue, le 13 janvier prochain, les gros bataillons des opposants au projet gouvernemental, il ne s’y prendrait pas autrement. Ceux qui hésitaient à aller manifester ont désormais une raison supplémentaire de le faire. Elle se résume en peu de mots : défense de la liberté d’expression. Le ministre invoque « le principe de neutralité » auquel doit se plier l’enseignement catholique. Ne lui ordonne-t-il pas plutôt une soumission muette et quasi consentante ? Il s’agit de la deuxième faute politique du ministre de l’Éducation nationale. La première avait consisté à défendre, dans le cadre de ses fonctions, la dépénalisation du cannabis. Un sujet sur lequel il aurait pu, pour le coup, faire preuve d’un minimum de « neutralité ». François Hollande gagnerait à rappeler à l’ordre ses ministres, qu’ils soient imprécateurs ou inquisiteurs. La social-démocratie apaisée qu’il appelle de ses voeux doit oublier et Fouquier-Tinville et le petit père Combes.