Une injustice insupportable !
27 03 13 Retraites: l'écart persistera entre public et privé
Par
Guillaume Guichard,
Service infographie du Figaro
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INFOGRAPHIE - La pension moyenne versée à un fonctionnaire d'État est d'un tiers supérieure à
celle d'un salarié du privé.
À l'heure de la retraite, mieux vaut avoir été fonctionnaire que salarié du privé. Le retraité issu de la fonction
publique d'État bénéficie en effet d'une pension en moyenne supérieure à celle de son homologue qui a
travaillé en entreprise. Et ce, même s'il a tendance à partir à la retraite plus tôt. C'est ce que révèle le
dernier rapport du Conseil d'orientation des retraites présenté lundi à ses membres.
La pension moyenne versée par le régime de la fonction publique d'État est ainsi supérieure d'un tiers à
celle dont bénéficie un ex-salarié du privé. La première s'élevait en 2011 à 23.187 euros, tout compris,
contre 15.373 euros pour la seconde. «La structure des effectifs n'est pas la même, on compte plus de
cadres dans le public que dans le privé», fait valoir une responsable syndicaliste du public pour expliquer
cet écart. Certes, mais même la pension moyenne d'un cadre du privé, soit 19.991 euros en 2011, reste
inférieure de 14% à celle versée en moyenne aux fonctionnaires, cadres comme simples employés.
L'écart n'est pas prêt de se résorber dans le futur si rien ne change. Au contraire, il devrait se creuser. Du
côté de la fonction publique d'État, la pension moyenne stagnera dans un premier temps aux alentours de
23.000 euros jusqu'en 2025-2030. Elle devrait ensuite augmenter pour culminer aux environs de
31.000 euros à l'horizon 2060. Ce sera toujours un tiers de plus que les pensions du privé, cadres et
salariés mélangés.
L'avenir s'annonce moins rose encore pour les seuls cadres. Leur pension moyenne devrait reculer de 1 %
d'ici à 2020. Elle augmenterait par la suite mais demeurerait inférieure de 19 % à celle perçue par un
retraité du public
(voir infographie)
en 2060.
Reste le cas très spécifique des bien-nommés «régimes spéciaux». En particulier celui de la SNCF. La
pension moyenne versée par son régime retraite devrait presque doubler dans les cinquante ans qui
viennent, de 22.769 euros à 43.594 euros en 2060.
Le sacrifice du privé
Pourquoi de tels écarts entre privé et public demeureront? Les fonctionnaires ne connaissent pas de
période de chômage, qui sapent les droits à la retraite dans le privé. Les règles de calcul à la retraite leur
sont aussi plus favorables: leur pension est calculée à partir des salaires des six derniers mois d'activité,
contre les vingt-cinq dernières années pour un salarié.
Dans le détail, les revenus des retraités du privé seront surtout plombés par les
retraites
complémentaires
. Ces vingt dernières années, les finances des régimes Agirc (pour les cadres) et Arrco
(pour tous les salariés) ont en effet été redressées en augmentant le prix d'achat des droits à la retraite. En
clair, les salariés doivent payer plus qu'avant pour obtenir le même niveau de pension. Pour ne rien
arranger, et cela n'est pas pris en compte dans les calculs du COR diffusés hier, les pensions
complémentaires progresseront moins vite que l'inflation ces trois prochaines années. Une mesure
d'urgence prise à la mi-mars par les partenaires sociaux pour sauver l'
Agirc-Arrco
de la faillite. Enfin, les
réformes des retraites successives ont plutôt fait porter l'effort sur le régime général des retraites, donc le
secteur privé, regrette Danièle Karniewicz, responsable de la question à la CGC: «Depuis des années, on demande des sacrifices au privé, tout en épargnant le public.»