Le 9 octobre 2013
On a vu apparaître, en septembre dernier, les « Veilleurs du fisc » qui protestent deux jeudis par mois devant Bercy et qui se réuniront à nouveau ce soir devant le ministère des Finances. C’est le Rassemblement pour la France qui en a pris l’initiative ?
L’idée des Veilleurs du fisc est née d’une rencontre entre un chef d’entreprise exaspéré par la montée en complexité et en coût des prélèvements obligatoires sur son activité. Il se demandait quoi faire. Nous avons pensé que les « Veilleurs » expérimentés dans le cadre de la Manif pour tous étaient un bon moyen d’exprimer d’une façon pacifique un triple sentiment envers l’action gouvernementale. Il ne s’agit pas d’une protestation éphémère liée à une décision précise. C’est d’abord une action symbolique de défiance, qui peut se traduire par : « Désormais, nous vous avons à l’œil. » Ensuite, il y a dans la présence muette l’idée que la discussion est inutile avec des ministres qui n’écoutent pas et méprisent. Enfin, cette mise sous surveillance signifie encore : prendre date, attendre que le fruit tombe, le ministre ou sa politique.
Quelles sont les revendications des « Veilleurs du fisc » ?
La revendication est claire : la France n’en peut plus.
Les chiffres sont un réquisitoire.
Notre pays est premier ex æquo avec le Danemark pour la dépense publique, à 57 % du PIB ; ses prélèvements obligatoires atteignent un sommet à 46 %. Les Français, juste derrière les Belges cette fois, sont « libérés » fiscalement le 29 juillet, quand les Britanniques le sont dès le
13 mai. Le taux d’imposition moyen est de 56,6 % chez nous, de 53 % en Allemagne et de 42 % au Royaume-Uni. Le salarié français est le plus cher, mais les charges qui pèsent sur son travail sont plus lourdes que le pouvoir d’achat qu’il en tire : 26.583 €/23.276 €. Les entreprises sont ponctionnées lourdement et au travers d’une fiscalité complexe et mouvante. L’IS (impôt sur les sociétés) va finalement être augmenté pour fournir les 2,5 milliards manquant au budget, quand celui des Britanniques, déjà inférieur au nôtre, va encore baisser. En 2012, la taxation sur les bénéfices des sociétés était déjà de 37,1 % en France contre 24 % au Royaume-Uni et 31 % en Allemagne. Les impôts fonciers ont crû de 21 % en cinq ans. Tout cela réduit la consommation et l’investissement, décourage l’effort et fait naître un double sentiment de lassitude et d’injustice. On pense notamment à ceux dont les heures supplémentaires sont désormais fiscalisées. La politique fiscale est anti-économique et, contrairement à ce que dit le ministre, elle mine le pacte républicain. Elle doit être entièrement revue, simplifiée, incitatrice plutôt que pénalisante. L’équilibre budgétaire doit être atteint par des économies, non par des impôts.
Pour l’instant, les Veilleurs ne sont pas très nombreux : pensez-vous que ce moyen d’action puisse vraiment être efficace ?
Nous appelons évidemment tous ceux qui sont sensibilisés par cette question à y participer. Je pense notamment aux associations de contribuables, particulièrement compétentes et mobilisées. L’absence de toute véhémence et de toute violence est de nature à faire venir les gens. Bien sûr, nous souhaitons l’intérêt des médias. Une telle action n’a de sens que si elle est connue, et je remercie Boulevard Voltaire de s’y intéresser.
Le mouvement est inspiré de celui des « Veilleurs debout », issus de la Manif pour tous. Est-ce un mouvement appelé à se généraliser ? Allons-nous bientôt voir apparaître d’autres Veilleurs et sur quels thèmes ?
Il est assez rare qu’un exécutif soit aussi impopulaire. La raison en est pourtant simple. Depuis son arrivée, sans obtenir le moindre résultat dans les domaines qui préoccupent les Français, le chômage et la délinquance, il a imposé sans écoute ni concession des mesures clivantes, rejetées par une partie importante de la population, sinon par la majorité. C’était le mariage et l’adoption pour les homosexuels. Ce sera la loi qui, demain, permettra à des délinquants condamnés à 5 ans d’emprisonnement de ne pas être incarcérés. C’est la pluie de taxes et d’impôts qui tombe sur tous les Français, l’augmentation de la TVA par exemple, qui touche les plus modestes et dément cruellement les promesses électorales. Cette politique est inefficace par ses résultats et immorale par sa manière. La rupture de confiance, d’une gravité considérable en démocratie, s’est produite. La généralisation des Veilleurs ou des Sentinelles est un signal sans doute précurseur d’un mouvement. Les Veilleurs, on l’a vu, ça peut aussi marcher…